Accès rapides :
dossier :

Risques chimiques

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Risques
  3. Chimiques
  4. Stockage des produits chimiques (rubrique sélectionnée)

Stockage des produits chimiques


Un stockage défaillant peut s’avérer lourd de conséquences : réactions chimiques dangereuses, dégagement important de produits nocifs, voire explosion ou incendie, intoxication, chute de plain-pied, blessures… De nombreux paramètres jouent un rôle dans la sécurité du stockage :

  • la quantité des produits stockés ;
  • la présence de produits volatils, inflammables ou incompatibles entre eux ou avec les matériaux présents ;
  • la ventilation ;
  • l’arrimage des emballages;
  • la stabilité des produits et des emballages aux variations de température, aux rayonnements…
Roman photo stockage (anim 47)

Principes fondamentaux du stockage des produits chimiques (animation)

anim 47

Différentes situations de stockage de produits en entreprise
  • Pièce de stockage des produits chimiques

  • Container de stockage de produits en extérieur pour des raisons de sécurité incendie

  • Zone de stockage ventilée et de préparation de peintures

Bien entreposer pour protéger

 

Au-delà de sa fonction de « magasin », le lieu de stockage a pour vocation première de limiter l’exposition aux risques associés à ces produits chimiques et de soustraire les personnes aux effets d’un dégagement involontaire ou d’une réaction chimique spontanée.

Afin de limiter les quantités de produits chimiques aux postes de travail tout en garantissant une activité continue, le stockage peut être organisé en un local central et un ou plusieurs lieux de stockage dits « tampons » à proximité des postes de travail. L’utilisation des lieux de stockage doit être soumise à des règles strictes, dont l’application doit être contrôlée régulièrement par un responsable compétent.

Lieux de stockage des produits chimiques : quelques règles d’organisation

  • Limiter l’accès au stockage aux seules personnes formées et autorisées.
  • Tenir à jour un état du stock.
  • Subordonner le stockage d’un produit à l’existence de sa fiche de données de sécurité et de son étiquetage.
  • Mettre en place un classement rigoureux et connu (affichage d’un plan, interdiction d’entreposer des emballages volumineux ou lourds en hauteur, pas d’entreposage d’outillage et de matériel dans le local de stockage de produits chimiques…).
  • Instaurer une règle de déstockage « premier entré / premier sorti ».
  • Respecter les dates de péremption de produits.
  • Mettre en place une procédure d’élimination des produits inutiles ou périmés.
  • Interdire l’encombrement des voies d’accès, des issues et équipements de secours.

Quelle que soit leur taille, les lieux de stockage sont à concevoir et à aménager en tenant compte non seulement des propriétés physico-chimiques des produits, mais aussi des types de contenants qui y seront entreposés, du nombre de personnes devant y avoir accès, de la quantité de produits consommée… Il faut également anticiper les besoins liés au stockage des déchets chimiques en vue de leur élimination.

Signalisation

 

Les lieux de stockage doivent être clairement identifiés. Des panneaux d’avertissement doivent figurer à l’entrée comme par exemple « Matières inflammables », « Matières corrosives », « Matières toxiques »…

Outre le plan de stockage (localisation des différents produits, capacité maximale…) peuvent être également prévus l’affichage d’un récapitulatif de l’étiquetage des produits entreposés et le rappel des incompatibilités éventuelles.

Séparation des produits incompatibles / réactions dangereuses

 

Certains produits peuvent réagir les uns avec les autres, provoquant parfois des explosions, des incendies, des projections ou des émissions de gaz dangereux. Ces produits incompatibles doivent être séparés physiquement.

D’autres produits encore réagissent violemment avec l’eau : ils doivent être entreposés de façon à ce que tout contact avec de l’eau soit impossible, même en cas d’inondation.

Enfin, les produits inflammables doivent être stockés à part dans une enceinte dédiée et constamment ventilée.

Prévention et lutte contre l’incendie

 

Un local de stockage de produits en quantités importantes doit être isolé du reste du bâtiment, afin d’éviter la propagation d’un incendie qui s’y déclarerait. De même, il doit être bâti à l’aide de matériaux durs et incombustibles et muni de systèmes d'évacuation et de lutte contre le feu appropriés (portes coupe-feu, extincteurs…). L’accès au local doit être facile, permettant une évacuation rapide en cas d’accident. Une localisation en sous-sol est à proscrire.

De même, l’installation électrique doit être réduite au minimum indispensable à l’intérieur du local et, selon les produits entreposés, être adaptée à une zone où peuvent apparaître accidentellement des atmosphères explosibles (éclairage étanche, par exemple).

Prévention et lutte contre les dispersions accidentelles

 

Des capacités de rétention doivent être prévues par catégorie de produits. Le local de stockage doit lui-même être en rétention générale. Un produit absorbant approprié aux produits stockés (neutralisant, incombustible) doit être disponible dans le local de stockage, afin de récupérer fuites et gouttes de produits.

Suivant les résultats de l’évaluation des risques, un appareil respiratoire isolant (à entretenir et vérifier périodiquement) sera disposé à l’extérieur du local et à proximité de l’entrée et une douche de sécurité ainsi qu’une fontaine oculaire de secours seront accessibles à proximité immédiate.

Ventilation et conditionnement d’air

 

La ventilation du local de stockage doit permettre :

  • d’éviter la formation d’une atmosphère explosive,
  • de maintenir la concentration atmosphérique en polluants dans le local au niveau le plus faible possible,
  • d’empêcher les éventuelles émanations des produits de diffuser vers les locaux voisins.

Pour atteindre ces objectifs, une ventilation mécanique, résistant à la corrosion et permettant de maintenir en permanence le local de stockage en dépression par rapport aux locaux adjacents, doit être prévue. Les entrées et sorties d’air doivent être disposées de façon à apporter de l’air neuf au niveau des voies respiratoires des salariés dans les zones de circulation (ou de travail de courte durée pour le dépôt ou le retrait des produits stockés) et à évacuer le plus rapidement possible les éventuelles émissions des produits. Enfin, l’air extrait par l’installation de ventilation doit être rejeté à l’extérieur des bâtiments en tenant compte des règles de protection de l’environnement.
Le débit de ventilation à mettre en œuvre dépend de la nature et de la quantité des produits entreposés, de son organisation et de sa gestion : il est défini en s’appuyant sur les résultats de l’évaluation des risques associés au stockage et l’élaboration de scénarios d’accidents.

Détermination du débit de ventilation

Le calcul du débit de ventilation pour s’assurer de la salubrité de l’air du local de stockage peut s’appuyer sur les valeurs de référence établies pour la prévention des risques professionnels : débits minimaux d’introduction d’air neuf, valeur limite d’exposition professionnelle, et limite inférieure d’explosivité des agents chimiques stockés.


Lorsque le local est strictement dédié au stockage, le respect des deux objectifs suivants est recherché :

Le débit calculé sera au besoin majoré pour le réglage de l’installation de ventilation afin d’atteindre un renouvellement d’air minimum du local de l’ordre d’un volume par heure.


La détermination du débit nécessite d’identifier et de caractériser les sources d’émission, pour retenir le scénario majorant. Il peut s’agir, par exemple, d’une émission par un évent de dégazage (bouchons dégazeurs…), d’un défaut d’étanchéité d’un contenant ou de la présence d’égouttures (contenants déjà ouverts) ou encore d’un renversement ou d’une fuite accidentelle.

Dans ce dernier cas de figure, la brochure ED 6058, Évaluation de la vitesse d'évaporation et de la concentration d'un composé organique volatil dans l'atmosphère d'un local de travail propose une méthode de calcul de la concentration de vapeur dans l’atmosphère générée par l’évaporation d’un liquide organique volatil. Dans le contexte d’un local de stockage, cette concentration est notamment en relation avec la surface d’évaporation (remarque : en première approximation, en l’absence de données, il peut être considéré que la surface d’étalement d’un liquide avoisine 0,5 m2 par litre), la pression de vapeur du liquide à la température de surface et la pression atmosphérique.

Exemple * : En prenant comme hypothèse le déversement d’un bidon de 5L d’acétate de n-butyle sur une surface de 2,5 m2, à la pression atmosphérique moyenne et à 20 °C, et sachant qu’une seule personne entre dans le local, le débit minimum d’extraction d’air à mettre en place est alors de l’ordre de 412 m3/h.
Ce débit permet d’atteindre un renouvellement d’air de l’ordre de 27 volumes par heure pour un local d’un volume de 15 m3 (6 m2 de surface au sol et 2,5 m de hauteur au plafond). Si le volume du local de stockage, dans lequel un tel déversement pourrait avoir lieu, était de 600 m3 (100 m2 de surface au sol et 6 m de hauteur au plafond), ce débit calculé serait considéré comme insuffisant au regard de la demande de renouvellement d’air minimum d’un volume par heure, l’installation de ventilation devrait alors être réglée sur un débit d’extraction de l’ordre de 600 m3/h au minimum, voire plus selon le nombre de personnes pouvant se trouver simultanément dans le local. 


Le débit de ventilation à mettre en œuvre, et par conséquent la consommation énergétique de l’installation, dépend directement des risques d’émissions. L’optimisation de la consommation énergétique de l’installation passe donc avant tout par la sécurisation du stockage.

S’il a été établi lors de l’évaluation des risques que l’origine d’une émission dangereuse dans le local ne peut être qu’accidentelle (stockage de produits neufs scellés et absence d’émission permanente, due, par exemple, à la présence d’évents de dégazage), une variation du débit de ventilation en fonction de l’état du stock peut être envisagée sous certaines conditions :

  • L’installation de ventilation est notamment asservie à un dispositif de surveillance muni d’un système de détection de fuite. Une étude préalable doit permettre de déterminer le système de détection le plus approprié (voir notamment la brochure ED 6271 « Détection fixe de gaz et de vapeurs pour l'industrie ». La détection d’une anomalie de stockage déclenche le plein régime de ventilation. Ce plein régime est calculé en fonction du scénario accidentel conduisant à la situation la plus dangereuse ; 
  • En l’absence d’émission détectée, le débit de ventilation ne peut être inférieur à 90 m3/h/personne susceptible d’être présente simultanément dans le local et à un renouvellement d’air minimum du local de l’ordre d’un volume par heure.
     

* Pour le calcul, les valeurs suivantes ont été retenues :

  • Vitesse de l’air 0,3 m/s ;
  • Masse molaire de l’acétate de n-butyle 116,16 g/mol
  • Pression de vapeur saturante de l’acétate de n-butyle 1,2 kPa à 20°C
  • VLEP-15 min de l’acétate de n-butyle 723 mg/m3
  • LIE de l’acétate de n-butyle 1,7 % (en volume)

En outre, il est essentiel de tenir compte de la sensibilité du stock aux variations de température. En effet, le gel peut altérer un certain nombre de produits et entraîner des ruptures de conditionnement. À l’inverse, une température élevée favorise, entre autres, des surpressions préjudiciables aux emballages et dangereuses lors de leur ouverture. En conséquence, une régulation de la température de l’air du local, associée à des mesures d’isolation thermique, peut s’avérer nécessaire. Pour la régulation de température, il est conseillé de privilégier le conditionnement de l’air introduit plutôt que des dispositifs autonomes de rafraîchissement ou de chauffage d’air placés directement dans le local. Le dispositif de régulation de température choisi ne doit en aucun cas constituer une source d’inflammation potentielle pour les produits stockés.

N.B. : La sensibilité thermique de certains produits chimiques peut nécessiter la mise en place de cellules spécifiques de stockage thermorégulées, qui ne sont pas abordées dans ce dossier.
 

Rayonnages métalliques dans une pièce de stockage de produits chimiques

Rayonnages

 

Les rayonnages doivent être réalisés en matériaux résistant mécaniquement et chimiquement. Leur stabilisation efficace doit empêcher tout basculement. Leur espacement doit être adapté à la circulation des personnes, voire d’équipements de manutention.

Les produits doivent être faciles d’accès et bien visibles : un éclairage suffisant (300 lux) est à prévoir à l’aplomb des allées.

Pour en savoir plus
Mis à jour le 07/02/2025