Ce qu’il faut retenir
En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancers en France s'élevait à 382 000, dont 204 600 chez les hommes et 177 400 chez les femmes. Le nombre de décès par cancer était de 157 400, dont 89 600 hommes et 67 800 femmes (voir le Panorama des cancers en France).
Les cancers représentent la 1re cause de mortalité en France (avec environ 30 % des décès) devant les affections cardiovasculaires. C’est la première cause de mortalité chez l’homme et la seconde chez la femme.
Selon le rapport remis au gouvernement pour le plan cancer 2009-2013, une nette augmentation de l’incidence du cancer (+ 63 %) et de la mortalité par cancer (+ 30 %) est constatée entre 1978 et 2000. Cependant, cette augmentation est en partie due au vieillissement de la population, comme le montrent les calculs statistiques, ainsi qu’à un meilleur dépistage. A population d’âge comparable, l’incidence a augmenté de 30 % (taux d’incidence standardisé sur l’âge), et les décès par cancer ont diminué de 9 % (taux de décès standardisé sur l’âge).
Cette diminution relative du nombre de décès par cancer peut s’expliquer par les gros progrès qui ont été effectués en matière de dépistage et de diagnostic, notamment avec les avancées de l’imagerie médicale, et par les progrès thérapeutiques qui ont permis d’améliorer le pronostic de certains cancers.
Il faut toutefois noter des écarts importants entre régions sont observés en France pour la mortalité par cancer : surmortalité par cancer au nord et mortalité moindre au sud. Ces écarts, plus marqués chez l’homme que chez la femme ainsi que ces disparités régionales pourraient notamment être expliquées par des différences socioprofessionnelles.
Il est également important de savoir que :
- les cancers ont pour origine une multiplicité de facteurs. La combinaison des facteurs entre eux potentialise ou augmente le risque de survenue de cancer (les combinaisons tabac / alcool ou tabac / amiante notamment),
- la survenue souvent tardive de la pathologie dans le cas d’une exposition à un agent cancérogène. Cette survenue tardive rend encore plus difficile l’évaluation de la part des différents facteurs de risques dans la survenue des cancers.
En milieu professionnel, certains facteurs de risque de cancers sont identifiés (expositions à certaines substances, à certains rayonnements…). D’autres facteurs, notamment individuels, peuvent influencer la survenue de cancers : facteurs liés au mode de vie (consommation d’alcool, alimentation, tabagisme…) ou facteurs génétiques.
S’agissant de pathologies plurifactorielles, il est difficile d’évaluer précisément la part des cancers ayant une origine professionnelle. Des chiffres parfois très différents sont avancés selon les auteurs. Une fourchette de 4 à 8,5 % des cas est retenue dans plusieurs rapports. Ainsi, le plan cancer 2014-2019 mentionne que 14 à 30 000 des cancers dépistés en France seraient d'origine professionnelle. De plus, ces chiffres varient en fonction de la localisation des cancers ; ainsi, pour le cancer du poumon, certains auteurs avancent le chiffre de 15 %. Ces données, parfois polémiques, ne seront pas analysées plus en détail dans ce dossier dont l’objectif essentiel est de dresser un état des lieux et d’apporter des pistes de prévention.
Une des difficultés actuelles de la prévention est la méconnaissance des facteurs professionnels dans la survenue des cancers. Le dispositif statistique actuellement en place en France ne permet pas d’avoir une vision globale de l’importance des cancers d’origine professionnelle : les décès par cancers ne sont pas tous répertoriés, la surveillance épidémiologique des populations salariées exposées est insuffisante, et les chiffres disponibles sont anciens, partiels, ou ne sont que des estimations. Le nombre réel de maladies professionnelles, en particulier celui des cancers attribuables à des facteurs professionnels, est difficile à apprécier aujourd’hui. Différentes études montrent que leur nombre effectif serait plus important que le nombre de cas actuellement répertorié. Les seules statistiques disponibles des cancers professionnels reconnus (régime général de la Sécurité sociale) ne reflètent donc pas la réalité, d’autant qu’elles ne couvrent pas la totalité de la population exposée dans le cadre d’une activité professionnelle.
Quelques définitions sur les cancers ou les cancérogènes
- Un cancérogène (ou cancérigène) est un agent capable :
- de provoquer le cancer,
Les cancers peuvent résulter d’une interaction entre plusieurs agents cancérogènes.
- d’augmenter la fréquence des cancers dans une population exposée,
- de modifier la répartition de la localisation des cancers observés dans une population (sans augmentation du nombre global de cancers) ;
- de favoriser une survenue plus précoce de tumeurs cancérogènes dans une population. - L’adjectif « oncogène » est utilisé pour qualifier des gènes dont l'expression anormale dans la cellule favorise la survenue de cancers.
- Un cancer est caractérisé par une prolifération anarchique de cellules, provoquant des tumeurs dans différents organes. Il peut s’étendre localement en envahissant les tissus voisins, et/ou se disséminer par voie lymphatique et sanguine, ce qui crée des localisations secondaires appelées métastases. Les organes les plus fréquemment touchés sont notamment les seins, la prostate, les poumons, l’appareil digestif, la gorge, la peau et le cerveau.
- L’évaluation du potentiel cancérogène pour l’homme d’un agent prend en compte les résultats issus de différents types d’études, expérimentales et/ou épidémiologiques. Une étude épidémiologique non concluante ne signifie pas qu’un agent n’est pas cancérogène : elle indique seulement que, dans les conditions de l’étude et en particulier dans les conditions de l’exposition, il n’a pas été observé de différence en termes de risque de cancers entre la population exposée et les témoins non-exposés.
La prévention des cancers professionnels répond aux mêmes exigences que toute démarche de prévention. Sa formalisation (repérer, évaluer, intégrer la sécurité en amont, supprimer ou réduire les risques, informer et former) est identique à celle mise en œuvre pour l’ensemble des risques professionnels.
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Brochure 10/2012 | ED 992
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