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Amiante

Fiche toxicologique n° 145

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2018

Caractéristiques

Utilisations [6]

La fabrication, la transformation, l’importation, la mise sur le marché et la cession, à quelque titre que ce soit, de tout produit contenant de l’amiante sont interdites en France depuis le 1er janvier 1997 (décret n°96-1133 du 24 décembre 1996), au titre de la protection de la population et des travailleurs. Les dérogations accordées à titre exceptionnel et temporaire ont pris fin au 1er janvier 2002, à l’exception de celles concernant la vente ou la cession, à quelque titre que ce soit, des véhicules automobiles d’occasion et des véhicules, matériels et équipements agricoles et forestiers d’occasion, sous réserve que les plaquettes de frein ne contiennent pas d’amiante.

Auparavant, plusieurs décrets réduisaient déjà le nombre des applications possibles de l’amiante. En mars 1978 : interdiction du flocage contenant plus de 1 % d’amiante dans les bâtiments ; en avril 1988 : interdiction de produits à base d’amiante visant surtout la sécurité du grand public (jouets, articles pour fumeurs...) ; en juillet 1994 : interdiction de tous les produits contenant des amphiboles ainsi que de nombreux usages du chrysotile.

Les produits à base d’amiante comprenaient principalement :

  • les produits d’amiante-ciment (plaques ondulées, tuiles, ardoises de toiture), plaques et panneaux de cloisons intérieures, canalisations ;
  • les produits textiles (cordes ou tresses, joints ou bourrelets d’étanchéité et de calorifugeage, vêtements de protection contre la chaleur, presse-étoupe, filtres) ;
  • les garnitures de friction (freins et embrayages de véhicules automobiles et ferroviaires, ascenseurs, moteurs et machines diverses) ;
  • le papier-carton pour l’isolation thermique ou électrique ;
  • des produits divers (amiante imprégné de résines, compensateurs de dilatation, évaporateurs, diaphragmes pour électrolyse, embouts de remplissage de bouteilles d’acétylène, revêtements de sols, composés bituminés, enrobés routiers).

Pour ces usages, le chrysotile était de loin la variété la plus répandue. Dans le groupe des amphiboles, seules l’amosite et la crocidolite ont eu une importance commerciale en France.

Propriétés physiques [1-3]

L’amiante, matière naturelle, se distingue des matières fibreuses « artificielles » (des silicates tels que la laine de roche ou la fibre de verre) par sa structure cristalline et par l’extrême finesse de ses fibres.

La « fibre » de chrysotile désigne en fait un ensemble formé de plusieurs dizaines ou centaines de fibrilles, plus ou moins solidement agglomérées, d’un diamètre total de l’ordre de 0,1 à 1 µm. Il en résulte une surface spécifique élevée propice aux phénomènes d’adsorption et aux pro­priétés d’isolation.

Les fibres d’amiante exploitées industriellement présentent des propriétés physico-chi­miques exceptionnelles, variables suivant les espèces, qui ont favorisé leur large utilisation : incombustibilité, résis­tance mécanique, stabilité thermique, inertie chimique par rapport à la plupart des produits chimiques et faible conductivité électrique. La résistance à la traction du chry­sotile se trouve à un niveau intermédiaire entre celle de la crocidolite, plus résistante, et celle de l’amosite.

Les fibres ont la capacité de se séparer sur toute leur longueur, et de former ainsi des fibrilles très fines. Les fibrilles de chrysotile sont cour­bées et particulièrement fines, d’un diamètre compris entre 0,02 et 0,03 µm. Les fibrilles des amphiboles sont droites et d’un diamètre 3 à 10 fois plus grand selon la variété.

Il existe des homologues non asbestiformes (non fibreux) des amiantes. Soumis à des actions mécaniques d’origine naturelle ou anthropique, les homologues des amiantes amphiboles fragmentent selon les plans de clivage du minéral. Ces objets ainsi formés, appelés fragments de clivage, peuvent avoir des caractéristiques dimensionnelles similaires à celles des fibres susceptibles d’être inhalées telles que définies par l’Organisation Mondiale de la Santé (fibres « OMS », de longueur > 5 µm, diamètre < 3 µm et rapport longueur sur diamètre (L/d) supérieur à 3) [7]. Pour les fragments de clivage susceptibles d’être inhalés, l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a adopté la terminologie de particules minérales allongées « d’intérêt » (PMAi) [8].

Certains talcs issus de roches composées de dolomites siliceuses et de magnésium peuvent contenir jusqu’à 70% d’amphiboles, en particulier les variétés actinolite, trémolite et anthophyllite (appelées ATA). Toutefois, selon la formation géologique des ATA, certaines peuvent se trouver sous forme amiante ou bien, après transformation des talcs en vue de leur usage sous forme de framents de clivage. Des gisements de talcs contenant des ATA ont été identifiés en Italie, en Norvège et dans l’Etat de New York aux USA [9].

Propriétés chimiques [1-3]

Le chrysotile est un silicate de magnésium hydraté de for­mule stœchiométrique théorique Mg3Si2O5(OH)4. II est stable jusqu’à environ 550 °C. Au-delà, il se déshydrate (déshydratation complète vers 750 °C) et recristallise vers 800-850 °C sous forme de forstérite et silice.

Les amphiboles sont des silicates hydratés de fer, magné­sium, sodium et/ou calcium, différant par leur composition chimique. Elles commencent à se déshydrater vers 400­-600 °C selon la variété. La dégradation thermique conduit, vers 900-1000 °C, aux minéraux suivants : pyroxènes, magnétite, hématite et silice.

Toutes les formes d’amiante résistent aux bases fortes. Les acides attaquent le chrysotile en dissolvant le magnésium et en laissant le squelette siliceux. Les amphiboles pré­sentent au contraire une bonne résistance aux acides : la crocidolite est plus résistante que l’amosite, bien qu’il soit possible d’en dissoudre de petites quantités dans l’acide chlorhydrique à ébullition.

Récipient de stockage

Les échantillons de matériaux contenant de l’amiante doivent être conditionnés de manière totalement étanche, par exemple dans un double emballage de matière plastique protégé de toute possibilité d’endom­magement. Un étiquetage « amiante » selon les dispositions du décret n°88-466 du 28 avril 1988 doit être apposé sur l’emballage.

 

  • Gestion des déchets :

Les déchets amiantés doivent être conditionnés en double emballage étanche conformément aux dispositions de l’ADR pour le marquage de l’emballage, la manipulation, le chargement, le transport, et le déchargement. Des exemptions à l’ADR (Accord pour le transport des marchandises dangereuses par la route) sont possibles pour le transport selon le tonnage (< 333 kg pour l’amiante amphibole et < 1000 kg pour l’amiante chrysotile, un ratio de proportionnalité devant être appliqué si plusieurs variétés d’amiantes ou si d’autres déchets dangereux sont transportés en même temps). Des dérogations à l’ADR sont également possibles pour l’emballage, sur accord de la mission transport du ministère chargé de l’environnement pour le conditionnement des terres naturellement amiantifères, des objets renfermant de l’amiante non accessible et les déchets issus de travaux de BTP (fraisâts d’enrobés routiers par exemple) (Décision générique, cf. § Réglementation).

Tous les déchets contenant de l’amiante sont des déchets dangereux (cf. § Réglementation). Ils peuvent être éliminés dans les installations de stockage de déchets dangereux (ISDD), et les installations de vitrification. Les installations de déchets non dangereux (ISDND) peuvent recevoir, sous réserve qu’elles y soient autorisées par arrêté préfectoral et que des casiers spécifiques et dédiés « amiante » soient aménagés pour leur réception, les déchets amiantés issus de la déconstruction de bâtiments et de travaux publics (cf. § Réglementation). Il est interdit d’éliminer les déchets d’amiante dans les installations de stockage de déchets inertes et de les recycler.

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