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Amiante

Fiche toxicologique n° 145

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2018

Valeurs limites d’exposition professionnelle

Arguments de détermination de la VLEP [10]

Dans les années 1960, une méthode de référence internationale, utilisant la microscopie optique à contraste de phase (MOCP) est choisie par l’Organisation Mondiale de la Santé. Les caractéristiques des fibres à prendre en compte pour la mesure de la concentration des fibres dans l’air sur les lieux de travail ont alors été définies : toute particule solide, naturelle ou artificielle, allongée à bords parallèles ayant un diamètre inférieur à 3 µm, une longueur supérieure ou égale à 5 µm et un rapport longueur sur diamètre supérieur à 3.

L ’ANSES publie en 2009 un rapport sur les risques pour la santé des fibres courtes et des fibres fines d’amiante, non prises en compte par la réglementation jusqu’alors. Dans ce rapport, l’agence indique la nécessité de réévaluer la VLEP fixée pour les fibres d’amiante en s’appuyant notamment sur les éléments suivants :

  • « étant donné que toutes les variétés minéralogiques de fibres d’amiante connues et commercialisées sont susceptibles d’induire un cancer chez l’homme par inhalation, il n’y a pas lieu de les différencier en vue de la recommandation d’une valeur limite d’exposition professionnelle ».
  • « étant donné que la limite de 5 µm de longueur pour différencier une fibre « courte » (L < 5 µm) d’une fibre « longue » (L > 5 µm) ne repose pas sur des données scientifiques d’innocuité démontrée, la cancérogénicité des FCA, même si elle reste difficilement appréciable, ne peut pas être exclue ».
  • « en l’état actuel des données disponibles et au regard de la cancérogénicité avérée des fibres d’amiante chez l’homme, la toxicité de ces fibres s’exerce selon un mécanisme d’action sans seuil ».
  • « l'effet des fibres d’amiante étant cumulatif et aucune toxicité aigue n’ayant été mise en évidence dans la nombreuse littérature consultée, l’Afsset recommande la fixation de la prochaine VLEP de l’amiante sur une durée de 8h correspondant à une journée classique de travail ».
  • « la valeur de VLEP sur 8h de 10fibres/L (0,01f/mL) est la plus basse actuellement retenue par la réglementation de nombreux pays européens. L’Afsset considère que cette valeur peut constituer pour la France une étape pertinente dans le progrès vers la réduction du risque d’exposition à l’amiante. Cependant, pour ce puissant cancérogène sans seuil, l’Afsset recommande de retenir une valeur cible de 0,03 fibres/L qui correspond à un niveau de risque de 10-6 selon le modèle retenu ».
  • étant donné le potentiel cancérogène des fibres fines d’amiante, celles-ci sont à inclure pour la mesure des niveaux d’empoussièrement en milieu de travail. Une modification des techniques de métrologie actuellement utilisées est alors indispensable. L’Afsset recommande d’adapter la méthode  par microscopie électronique en transmission analytique (META) (directe ou indirecte) pour une application en milieu professionnel.

Les effets critiques retenus alors pour la détermination de la VLEP sont le cancer broncho-pulmonaire et le mésothéliome.

L’article R. 4412-100 du Code du travail fixe la concen­tration moyenne en fibres d’amiante dans l’air inhalé par un travailleur à 10 fibres/L sur huit heures de travail. Cette mesure est réalisée par microscopie électronique en transmission analytique (META), méthode indirecte, selon la norme NF X 43-050 [11] et par prélèvement individuel selon la norme NF X 43-269 [12].

Tableau des VLEP [18] :

Pays

Concentration moyenne en fibres d’amiante

Méthodes de détermination

France 10 fibres/L sur 8 heures  Microscopie électronique en transmission analytique (META)

Union européenne

0,1 fibre/cm3 sur 8 heures (soit 100 fibres/L)

Microscopie optique à contraste de phase (MOCP) - ou méthode équivalente

Allemagne, Pays-Bas, Suisse

10 fibres/L sur 8 heures

Microscopie électronique à balayage analytique (MEBA)

États-Unis (ACGIH)

0,1 fibre/cm3 sur 8 heures (soit 100 fibres/L)

MOCP

Japon

0,15 fibre/cm3 sur 8 heures (soit 150 fibres/L)

 

Québec

1 fibre/cm3 sur 8 heures (soit 1000 fibres/L)

 

 

Valeur de gestion du Code de la santé publique : Le Code de la santé publique fixe un seuil de 5 f/L visant à gérer le risque de dégradation des matériaux amiantés de la liste A (flocages, calorifugeages et faux-plafonds) dans les immeubles bâtis, nécessitant le déclenchement de travaux si ce seuil est dépassé. Cette valeur est prise comme référence dans le code du travail pour l’analyse de l’état initial avant le démarrage des travaux, la surveillance environnementale des chantiers de désamiantage, l’analyse de restitution avant le retrait des confinements et l’analyse de fin de chantier. Elle est également prise en compte par le propriétaire, après la réalisation de travaux de retrait de matériaux de la liste A et de matériaux de la liste B à l’intérieur des bâtiments, avant la restitution des locaux concernés par les travaux à des occupants.

Ces mesurages sont effectués à l’aide de prélèvements et d’analyses réalisées par META selon la norme NF X 43-050 (1996).

Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle [7, 11, 12, 14, 15]

  • Détection dans les matériaux

L’identification des fibres d’amiante dans les matériaux s’effectue conformément à l’arrêté du 6 mars 2003 relatif aux compétences des organismes procédant à l’identification d’amiante dans les matériaux et produits. Les tech­niques utilisées sont l’observation en lumière polarisée, selon la méthode HSG 248 (Asbestos: the analysts' guide for sampling, analysis and clearance procedures (publié en 2005 et révisé en 2015) (ex-MDHS 77)) ou méthode équivalente, associée ou non à la microscopie électronique analytique à balayage selon la méthode VDI 34.92 ou ISO 14966:2002 - Air ambiant - Détermination de la concentration en nombre des particules inorganiques fibreuses - Méthode par microscopie électronique à balayage selon le type de matériau, ou encore par microscopie électronique à transmission analytique, selon la norme NF X 43-050 (1996) adaptée.

Lorsque l’analyse au MOLP (microscopie optique à lumière polarisée) ne permet pas de conclure à la présence d’amiante, un complément d’analyse est à réaliser par microscopie électronique à transmission analytique (META).

 

  • Détection dans l’air

Les fibres d’amiante en suspension dans l’air sont prélevées sur des membranes filtrantes, à l’aide de cassettes conductrices de l’électricité de diamètre 37 mm, en position ouverte. En milieu de travail, des pompes por­tables de débit 3 L/min sont utilisées pour les prélèvements individuels réalisés conformément à la norme XP X 43-269 (2012). En mesurage d’ambiance, les règles de prélèvements sont définies par la norme NF X 43-050 (1996), à l’aide de pompes fixes de débit de 5 à 7 L/min, selon l’échantillonneur utilisé.

Les concentrations en milieu de travail sont déterminées par microscopie électronique en transmission analytique (META), méthode indirecte, selon la norme NF X 43-050 (1996), confor­mément à l’arrêté du 14 août 2012 (entré en révision en 2017 – nouvel arrêté attendu en 2018) relatif aux conditions de mesurage des niveaux d’empoussièrement, aux conditions de contrôle du respect de la valeur limite d’exposition professionnelle aux fibres d’amiante et aux conditions d’accréditation des organismes procédant à ces mesurages. Elles sont exprimées en fibres par litre (f/L). Les fibres prises en compte sont celles de lon­gueur supérieure à 5 µm, de diamètre inférieur à 3 µm, de rapport longueur sur diamètre supérieur à 3. La META permet d’identifier la nature des fibres observées et de comptabiliser les plus fines d’entre-elles dont le diamètre est de l’ordre de 0,02 µm.

En santé publique, les concentrations d’amiante dans l’atmosphère des immeubles bâtis et dans l’environnement sont déterminées par microscopie électronique à transmission analytique, méthode indirecte, les prélèvements et les analyses sont réalisés selon la norme NF X 43-050 (1996), conformément à l’arrêté du 19 août 2011 relatif aux modalités de réalisation des mesures d’empoussièrement dans l’air des immeubles bâtis. Elles sont exprimées en fibres par litre.

Les fibres courtes d’amiante (longueur < 5 µm, diamètre < 3 µm, rapport L/d > 3) ne sont jamais prises en compte dans les mesures, ni en réglementation « santé publique », ni en réglementation « travail ». Toutefois, dans son avis de 2009, l’AFSSET recommandait l’adoption d’un seuil de gestion à 50 f/L pour les fibres courtes d’amiante, soit 10 fois la valeur actuelle du seuil de gestion en santé publique fixé à 5 f/L pour les fibres réglementaires, ce qui pourrait constituer un indicateur de dégradation de certains matériaux amiantés dans les bâtiments comme les dalles vinyle amiante par exemple [10].

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