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Dichloroisocyanurate de sodium - Dichloroisocyanurate de potassium

Fiche toxicologique n° 220

Sommaire de la fiche

Édition : Octobre 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [2, 13]

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium se décomposent très rapidement en cyanurates de sodium et de potassium et acide hypochloreux au contact de l’humidité des muqueuses. Aux faibles doses, les cyanurates formés sont entièrement absorbés et largement éliminés dans les urines ; aux fortes doses, l’absorption est incomplète et la part éliminée dans les fèces augmente.

    Chez l'animal
    Absorption

    Par voie orale, aucune donnée n’a été retrouvée pour ces composés : les seules études disponibles concernent le cyanurate de sodium, produit lors de l’hydrolyse.

    Selon la dose administrée, le cyanurate de sodium est rapidement absorbé, de manière plus ou moins complète. Chez le rat, une dose de 5 mg/kg pc administrée par voie orale est rapidement et presque complètement absorbée : le pic sanguin est détecté 15 à 30 min après l’administration. Lorsque la dose est de 500 mg/kg pc, l’absorption est incomplète et le pic sanguin est observé 60 minutes après l’exposition.  

    Par voie cutanée, les effets systémiques rapportés chez le lapin suite à l’application de dichloroisocyanurate de potassium suggèrent une absorption.

    Distribution

    Aucune accumulation n’a été mise en évidence dans ces études : la totalité de la radioactivité administrée est retrouvée dans les urines et les fèces.

    Excrétion

    La demi-vie d’élimination du cyanurate de sodium est comprise entre 30 et 60 minutes chez le rat, et entre 90 et 120 minutes chez le chien, suite à l’administration de 5 mg/kg pc radiomarqué par voie intra-veineuse ou orale. La substance est majoritairement excrétée dans les urines sous forme inchangée (80 et 85 % respectivement chez le rat femelle et le rat mâle), le restant dans les fèces, suggérant une métabolisation négligeable des cyanurates.

    Lorsque la dose ingérée atteint 500 mg/kg pc, la demi-vie est comprise entre 120 et 150 minutes chez le rat ; le profil d’excrétion est différent avec 70 % et 55 % de la dose administrée mesurés respectivement dans les fèces des mâles et des femelles.

    Chez l'Homme

    Aucune donnée n’est disponible concernant ces composés.

    Comme chez le rat, les cyanurates ingérés sont rapidement éliminés dans les urines de volontaires sous forme inchangée [14].

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [2, 3]

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium, sous forme non diluée, sont sévèrement irritants pour toutes les muqueuses.

    Les symptômes d'une intoxication par voie orale sont amaigrissement, fatigue, perte d'appétit, léthargie et diar­rhées. La mort survient dans un délai de quelques heures à une semaine. L'autopsie révèle une inflammation mar­quée des muqueuses gastro-intestinales, des œdèmes tis­sulaires et une congestion du foie et des reins. Chez le lapin, l'administration orale d'une dose unique de 2000 à 2500 mg/kg entraîne l'apparition d'hypersalivation, de larmoiement, de dyspnée, de tremblements et d'un coma précédant la mort avec, à l'autopsie, une inflammation du tube digestif, des anomalies hépatiques et un œdème pulmonaire.

    Exposés par inhala­tion au dichloroisocyanurate de sodium anhydre (3,39 mg/L pendant 1 heure), les rats présentent larmoiements, écoulement nasal, salivation, respiration dif­ficile après 10 à 15 minutes d'exposition. À l'autopsie, on retrouve du liquide dans la trachée et des poumons hémorragiques.

    Concernant le dichloroisocyanurate de sodium, des rats ont été exposés aux particules pendant 4 heures (corps entier, 0,27 et 1,17 mg/l, diamètre moyen 1,93 µm). Après 14 jours, 60 % des animaux exposés à la plus forte concentration sont morts, alors qu’aucune létalité n’est rapportée à 0,27 mg/L. Les animaux présentaient notamment : respiration irrégulière, salivation, prostration, léthargie, alopécie ou opacité des yeux. Les autopsies ont révélé des atteintes pulmonaires chez tous les animaux morts pendant l’expérimentation [2].

    L’application sur la peau de dichloroisocyanurate de potassium (3160 et 5010 mg/kg pc) entraine la mort de lapins après 4 et 6 jours, respectivement. Avant de mourir, les animaux présentaient une diminution de leur activité et de la prise de nourriture, et une faiblesse générale. Les autopsies ont révélé des hémorragies pulmonaire et hépatique, une hypertrophie de la vessie et une inflammation gastro-intestinale [1].

    Irritation, sensibilisation [2, 15]

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium ne sont pas irritants sur une peau intacte de lapin. Sous la forme de solide hydraté, ces substances sont corrosives (brûlures sévères, phlyctènes et cicatrices).

    Au niveau oculaire, ce sont de puissants irritants. Ainsi, l’instillation de 0,1 g de dichloroisocyanurate de sodium dans un œil de lapin est à l’origine d’une sévère irritation avec opacité de la cornée, conjonctivite et iritis chez tous les animaux, toujours présente après 21 jours. Une kératite superficielle chronique (ou pannus) est aussi observée chez 5 des 6 lapins testés, entre le 7e et le 21e jour.

    Aucun potentiel sensibilisant n’est observé chez le cobaye avec le dichloroisocyanurate de sodium dihydrate ; aucune donnée n’est disponible pour le dichloroisocyanurate de potassium.

    Toxicité subchronique, chronique

    Une exposition répétée par voie orale induit, à forte dose, des effets irritants locaux et une baisse de poids corporel.

    Des rats ayant reçu du dichloroisocyanurate de sodium dans l'eau de boisson à des doses de 400, 1200, 4000 et 8000 mg/L (soit environ 50-150-500-1000 mg/kg pc/j), sur une période de 59 jours, présentent une augmentation de la létalité, une respiration difficile, une diminution de l’activité et une baisse de poids aux deux plus fortes doses ; à l'autopsie, les animaux exposés à 8000 mg/L ont un tractus gastro-intestinal hémorragique. La NOEL est de 50 mg/kg/j pour les mâles et 130 mg/kg/j pour les femelles [16].

    Des groupes de 10 rats mâles et de 10 rats femelles, ainsi qu'un groupe de 3 chiens, ont été nourris avec des aliments contenant 16,6 et 333 ppm de dichloroisocyanurate de sodium pendant 6 mois (correspondant à 1 ou 20 mg/kg pc/j pour les rats et 0,4 ou 8 mg/kg pc/j pour les chiens). Il n'a été constaté ni désordre hématologique, ni protéinurie, ni glycosurie, ni variation du poids des organes et l'examen histologique des tissus s'est révélé normal [17]. L'administration de nourriture contenant 0, 2000, 6000 et 12000 ppm de dichloroisocyanurate (sel non spécifié, soit 0-100-300-600 mg/kg pc/j) pendant 13 semaines provoque, chez le rat, une réduction de poids et une augmentation du poids relatif du foie et des reins, sans modification histologique associée. La NOEL est de 100 mg/kg pc/j [16].

    Aucun signe d'irritation cutanée n'a été observé chez le lapin traité 5 jours par semaine pendant 3 mois par des applications quotidiennes sur la peau de 5 mL d'une solution contenant 16,6 ppm (soit 0,08 mg) ou 333 ppm (soit 1,7 mg) de dichloroisocyanurate de sodium.

    Aucun signe d'atteinte oculaire ni d'irritation des tissus locaux n'a été constaté chez le lapin au cours d'une instillation quotidienne de 0,1 mL d'une solution contenant 16,6 ppm (soit 0,0017 mg) ou 333 ppm (soit 0,033 mg) de dichloroisocyanurate de sodium pendant 3 mois.

    L’inhalation de particules de dichloroisocyanurate de sodium (dihydrate, 0-3-10 et 30 mg/m3, 6 h/j, 5 j/sem, 4 sem, diamètre moyen compris entre 2,1 et 4,5 µm) n’entraine aucune mortalité chez le rat ; aux 2 plus fortes doses, les animaux présentent une respiration difficile, des râles, un écoulement nasal, une salivation excessive et un larmoiement. Le poids des poumons est augmenté chez les animaux exposés à 30 mg/m3, sans modification histologique associée aux 2 plus fortes doses testées [16].

    Effets génotoxiques [13]

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium ne sont pas génotoxiques dans les tests réalisés.

    In vitro

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium (ainsi que le cyanurate de sodium) ne sont pas génotoxiques dans le test d'Ames pratiqué sur S. typhimurium TA98, TA100, TA1535, TA1537 avec ou sans activateur métabolique.

    In vivo

    In vivo, des tests ont été réalisés avec le cyanurate de sodium et donnent des résultats négatifs (mutation chromosomique sur cellules de lymphome murin jusqu’à 2000 µg/ml et aberration chromosomique sur cellules de moelle osseuse de rat à 5000 mg/kg).

    Effets cancérogènes [13]

    A la date de publication de cette fiche (2024), aucune donnée n’est disponible concernant les effets cancérogènes des dichloroisocyanurates de sodium et de potassium.

    Concernant le cyanurate de sodium, aucune cancérogénicité n’a été mise en évidence chez le rat et la souris.

    Effets sur la reproduction [13]

    Le dichloroisocyanurate de sodium est responsable d’un retard d’ossification lié à la toxicité maternelle chez la souris.

    Fertilité

    Aucune étude n’est disponible pour les dichloroisocyanurates.

    Une étude sur trois générations a été réalisée avec le cyanurate de sodium : des rats ont été exposés à 0-400-1200-5375 ppm dans l’eau de boisson (correspondant à 0-47-130 ou 614 mg/kg pc/j pour les mâles et 0-62-196 ou 730 mg/kg pc/j pour les femelles). Aucun effet sur la fertilité, la durée de la gestation, la taille des portées, la survie des nouveau-nés ou leur poids n’a été rapporté, quelle que soit la génération prise en compte.

    Développement

    Le dichloroisocyanurate de sodium induit, chez la souris (0-25-100-400 mg/kg pc/j, gavage du 6e au 15e jour de ges­tation), 50 % de létalité maternelle à la plus forte dose ; il n'y a pas de fœtotoxicité, mais un retard d'ossification lié à la toxicité maternelle [4].

    Aucune étude n’est disponible pour le dichloroisocyanurate de potassium.

    Des études prénatales chez le rat et le lapin ont été réalisées avec le cyanurate de sodium. Des rates ont été exposées à 0-200-1000 ou 5000 mg/kg pc/j par gavage, du 6e au 15e jour de gestation. Aucun effet maternel, embryonnaire ou fœtal n’a été rapporté au cours de l’étude. Il en est de même chez le lapin exposé par gavage à 0-50-200 ou 500 mg/kg pc/j, du 6e au 18e jour de gestation ; seule une augmentation de l’incidence des hydrocéphalies est observée à la plus forte dose testée chez 9 fœtus appartenant à 2 portées.

  • Toxicité sur l’Homme [3, 18]

    Les dichloroisocyanurates de sodium et de potassium sont irritants pour les yeux, la peau humide et les voies aériennes supérieures.

    Toxicité aiguë

    Au cours d'accidents d'ingestion de tablettes de dichloro­isocyanurate (chez l'adulte ou l'enfant), les principaux signes constatés sont une irritation buccale avec hyper­salivation. Le produit provoque ensuite des ulcérations de l'estomac avec hémorragie. Les cas les plus graves peu­vent être mortels ; les effets associent un larmoiement, une dyspnée, des troubles neurologiques (faiblesse et léthargie puis coma) et des troubles digestifs avec diarrhée.

    Le contact avec la peau sèche est peu irritant, mais si la peau est humide, une irritation sévère peut être observée. L'irritation oculaire est constante et importante, avec de possibles séquelles.

    Toxicité chronique

    Une étude rapporte que les employés d'une entreprise d'emballage de poudre de dichloroisocyanurate de sodium, associé à de l'acide trichloroisocyanurique, se plaignaient d'irritation oculaire et de toux.

    Des phénomènes de bronchospasme non spécifique pro­bablement d'origine irritative ont également été observés.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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