Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture
Définition d'un sujet exposé
Personnes :
- ayant manipulé des animaux infectés par B. anthracis ou suspects de l'être, vivants ou morts, leurs carcasses ou leurs sous-produits (laine contaminée par des spores ou travaux dans les « champs maudits* ») ;
- ayant procédé à des activités susceptibles de générer un aérosol ou des gouttelettes contenant des spores ou des bactéries (ex. : nettoyage haute pression sans EPI d'une surface souillée par un animal atteint de charbon).
* terres contaminées pendant des années par des spores de Bacillus Anthracis lors de la décomposition de cadavres porteurs et qui sont responsables de la résurgence régulière de la maladie chez le bétail.
Principales professions concernées
Travail au contact d’animaux d'élevage ou sauvages vivants (éleveurs, vétérinaires, agents de l'Office National de la Chasse et de la Faune sauvage - ONCFS…) ou morts (mégisseries, équarrisseurs).
Les employés d'abattoir et les bouchers ne devraient normalement pas être concernés, les animaux morts de maladies systémiques étant exclus des chaînes alimentaires.
Professionnels qui travaillent avec la laine, les poils, les peaux ou les os d’animaux possiblement infectés.
Professions en contact avec des sols contaminés ( « champs maudits » ) : travaux publics…
Personnels de laboratoires de recherche et vétérinaires travaillant en dehors des conditions de sécurité standard.
Conduite à tenir immédiate
- Se laver les mains et les avant-bras avec de l’eau et du savon, puis si nécessaire se laver le visage ou toute autre partie du corps qui a pu être exposée.
- Sécher par tamponnement avec du papier absorbant qui est ensuite jeté dans un conteneur pour déchets contaminés.
- Consulter un médecin, si possible infectiologue, qui évaluera la nécessité d'un traitement préventif et le prescrira le cas échéant.
- S'assurer de la mise en place des mesures de protection adaptées (11, 12).
- Décontamination (cf traitement).
Évaluation du risque
Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition
Produits biologiques :
- animaux vivants ou morts du charbon : leurs carcasses ou leurs sous produits venant de pays d’endémie ;
- liquides biologiques ou produits issus d'individus confirmés ou suspects de charbon ;
- sols contenant des spores.
Type d'exposition
Inoculation, contact muqueux ou sur peau lésée, inhalation d'aérosols contenant des spores ou des bactéries, temps d’exposition avec l’animal (13) .
Spécificité de l'exposition au laboratoire
Produits biologiques : culture ou surfaces contaminées par des spores
Type d'exposition : manipulation au laboratoire sans précaution, notamment en dehors d'un Poste de Sécurité Microbiologique (contact cutanéo-muqueux, inhalation d'aérosols, inoculation accidentelle). Les manipulations dans des laboratoires spécialisés avec confinement L3 réduisent ce risque).
Prise en charge du sujet exposé
Mesures prophylactiques
Mise en route d’un traitement antibiotique prophylactique, idéalement dans les 24 heures : ciprofloxacine ou doxycycline en première intention.
L’amoxicilline peut être utilisée en relais chez la femme enceinte si l'antibiogramme de la souche en circulation dans le foyer est connu.
Des indications précises pour chaque modalité d'exposition sont disponibles dans les "Recommandations thérapeutiques pour la prise en charge des patients exposés à Bacillus anthracis dans des circonstances naturelles" de la SPILF (R1).
La durée recommandée de l'antibiothérapie est fonction du type d'exposition et de l'ancienneté de l'exposition : 10 jours pour une exposition cutanée, muqueuse ou par ingestion ; 35 jours dans le cas d'une exposition respiratoire naturelle (R1) ; 60 jours dans le cadre d’une exposition respiratoire d’origine bioterroriste (R2).
En cas de soins à des patients atteints de charbon, le traitement n'est pas recommandé pour le personnel soignant ou pour le personnel de la morgue si les précautions standard sont respectées. Rappelons qu'il n'y a pas de transmission interhumaine.
Suivi médical
Le suivi médical permet d’adapter l’antibioprophylaxie en fonction des résultats des prélèvements (antibiogramme), de prendre les décisions adaptées en fonction de ses effets indésirables, de détecter éventuellement l’apparition de signes cliniques.
En cas de grossesse
La SPILF et la conférence de consensus européenne recommandent la ciprofloxacine chez la femme enceinte (R1, R2).