Pathologie Guide de lecture
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Nom de la maladie
Charbon
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Synonyme(s)
- Infection à B. anthracis
- charbon bactéridien et fièvre charbonneuse en santé animale
- « anthrax » chez les anglo-saxons.
Transmission
Mode de transmission
Par contact cutané : le plus souvent, par contact de la peau préalablement lésée ou subissant une effraction (blessure, piqûre, égratignure, abrasion…).
Par inhalation de spores : risque nul à négligeable lors d'un contact avec un animal charbonneux, en dehors de quelques situations très particulières générant un aérosol, telle que l'utilisation d'un nettoyeur à haute pression en équarissage ou en élevage à proximité de la carcasse.
Par ingestion : ingestion de viande ou d'abats, crus ou insuffisamment cuits d'animaux morts (viande d'une origine non contrôlée, consommation familiale par exemple). Aucun cas documenté après la consommation exclusive de lait, même si un risque théorique peut exister.
Par piqûre d’insecte (rare) lors d’épizootie autour des animaux infectés.
Période de contagiosité
Pas de transmission inter-humaine. Infectiosité limitée des échantillons diagnostics, des fluides biologiques qui contiennent des bactéries, car la contamination se fait par des spores.
La maladie
Incubation
La durée d'incubation varie selon le mode de contamination, la dose infectieuse reçue, la virulence de la souche et l'état de santé préalable du sujet.
- voie cutanée : 2 à 3 jours et jusqu’à 12 jours,
- voie respiratoire : 1 à 5 jours et jusqu’à 60 jours (spores restant quiescentes dans les voies respiratoires),
- voie digestive : 3 à 7 jours.
- voie injectionnelle : 1 à 10 jours environ.
Clinique
- Forme cutanée :
C'est la forme la plus fréquente. Elle concerne les zones cutanées habituellement exposées : mains, partie du membre supérieur non couverte par le vêtement de travail, visage et cou.
Elle se présente sous la forme d’une petite vésicule ulcérante qui suinte dans un deuxième temps (liquide clair ou séro-sanglant). La lésion évolue vers une escarre noire, non douloureuse, plus ou moins creusante et souvent accompagnée d'un œdème. L'escarre se dessèche et tombe après 1 à 2 semaines. La lésion peut s'accompagner d'une lymphangite et/ou d'adénopathies. l'évolution est le plus souvent favorable sous antibiotique.
- Forme respiratoire :
La contamination se fait par inhalation de spores. Elle affecte les poumons et le médiastin mais des formes laryngées et oro-laryngées ont été rapportées. Le poumon est la porte d’entrée, mais la germination des spores se fait dans les ganglions médiastinaux avant de diffuser par voie septique. Elle provoque hémorragies et nécrose tissulaire des tissus pulmonaires et médiastinaux.
Les signes initiaux sont peu spécifiques : fièvre, gêne respiratoire, toux, céphalées, frissons, fatigue… Après un délai variable, apparaît une détresse respiratoire liée à la nécrose des tissus.
La létalité est importante, même avec un traitement adapté (75 %) ; le décès est quasi systématique en l'absence de traitement.
- Forme digestive :
Elle fait suite à l'ingestion de viande provenant d'un animal malade. C'est une situation peu probable en France compte tenu des règles de sécurité alimentaire (dernier cas en 1906). La létalité est supérieure à 25 %.
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Forme injectionnelle :
Elle fait suite à l’injection intraveineuse de lot d’héroïne contaminée. Les manifestations sont à type de dermo-hypodermite délabrantes et d’abcès profonds.
- Complications septiques :
Au-delà de ces formes cliniques définies en fonction de la porte d'entrée de la bactérie, sont décrits des sepsis à B. anthracis et des méningites liées au passage de la bactérie à travers la barrière hémato-méningée. Ces présentations cliniques sont des complications possibles quelle que soit la porte d'entrée de la bactérie. En raison de la toxicogénèse et de l'absence de traitement anti-toxines, ces complications sont de mauvais pronostic.
Diagnostic
PCR ou Isolement de Bacillus anthracis à partir de prélèvements cliniques (hémocultures, écouvillon cutané, LCR, prélèvements de l’oropharynx, LBA, prélèvements bronchopulmonaires).
L'isolement bactérien doit être accompagné d'un antibiogramme.
La sérologie (recherche d'anticorps dirigés contre B. anthracis ou sa toxine) n'a d'intérêt diagnostic que rétrospectif. La recherche de toxine dans le sérum pourrait avoir un intérêt dans le diagnostic précoce dans le futur.
Le Centre National de Référence - Laboratoire Expert (CNR LE) peut apporter son appui au diagnostic.
Traitement
Bacillus anthracis est habituellement sensible à la doxycycline et aux fluoroquinolones. La résistance à l'amoxicilline concerne 3 à 12 % des souches. L'amoxicilline ne doit donc être utilisée qu’en deuxième intention en fonction du résultat de l’antibiogramme.
Les antibiotiques sont efficaces sur les formes végétatives de B. anthracis, mais non sur les spores. Par conséquent, le développement de la maladie après exposition à des spores ne peut être empêché que par un traitement préventif d'une durée au moins égale à celle de l'incubation et de la clairance des spores de l’organisme (60 jours pour les formes pulmonaires).
Une décontamination des vêtements et du corps (peau et cheveux) peut être envisagée sous certaines conditions d’exposition (aérosolisation dans les tanneries par exemple).
Populations à risque particulier
Terrain à risque accru d'acquisition
Non défini
Terrain à risque accru de forme grave
Inconnu.
Cas particulier de la grossesse
Pas un facteur de risque d’acquisition ni d’augmentation de la gravité de la maladie. Augmentation du risque d’accouchement prématuré spontané
Immunité et prévention vaccinale
Immunité vaccinale dirigée contre les toxines de B. anthracis (composé PA)
Immunité naturelle
Très peu documentée (on peut trouver des anticorps anti-toxines dans le bétail dans les régions endémiques).
Prévention vaccinale
Descriptif du vaccin
Il existe aujourd'hui aux USA un vaccin à base d’antigène protecteur (PA) adjuvanté à l’hydroxyde d’Aluminium (Bio Thrax ®). Ce vaccin dispose d’une autorisation en Europe et en France mais il n’y est pas commercialisé.
Immunité vaccinale
La durée d’efficacité des vaccins actuellement utilisés en médecine humaine n’est pas connue. La recommandation américaine est d’un rappel annuel.