Démarche de prévention
La prévention des expositions aux agents sensibilisants permet de réduire la survenue d’allergies cutanées ou respiratoires. Pour cela plusieurs mesures peuvent être mises en œuvre : suppression ou substitution, adaptation des méthodes de travail, confinement ou captage à la source, protection individuelle.
Les allergènes sont des agents chimiques ou biologiques. La démarche de prévention des allergies professionnelles est par conséquent identique à celle mise en œuvre contre les risques chimiques ou les risques biologiques suivant l’allergène considéré.
Seules les spécificités des agents allergisants sont donc abordées ici.
Évaluation des risques : toujours
L’évaluation des risques d’apparition d’allergies professionnelles constitue le point de départ de cette démarche. Du fait de la multiplicité des sources d’allergènes, elle nécessite :
- d’étudier tous les produits et les matériaux (d’aménagement, des équipements de travail, par exemple) présents sur le lieu de travail ;
- d’examiner l’ambiance (température, hygrométrie) et les conditions de travail (système de ventilation) qui peuvent favoriser la prolifération de micro-organismes ou d’autres agents biologiques, dont certains composants sont sensibilisants ou irritants ;
- et, suivant le secteur d’activité, de prendre en compte la présence sur le lieu de travail de protéines animales ou végétales, de moisissures (utilisées dans le procédé de travail ou résultant de contaminations des matières premières).
La connaissance des conditions et de la fréquence d’exposition permet de compléter l’analyse, puis de définir les situations à traiter en priorité (hiérarchisation des risques) :
- exposition possible par contact avec la peau et par inhalation (agent volatil, aérosol liquide ou solide) ;
- exposition répétée ou accidentelle…
Il est important de noter que les agents sensibilisants peuvent être responsables, en dehors des manifestations allergiques, d’autres effets sur la santé.
Les principales sources d’information sur les allergènes rencontrés sur le lieu de travail sont rassemblées dans le tableau ci-dessous.
Sources d’information sur les agents sensibilisants |
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Source |
Produit chimique utilisé |
Produit chimique émis |
Matériau |
Animaux, végétaux, micro-organismes |
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Documentation technique du fournisseur |
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Nomenclature des allergènes |
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Mesurage : parfois
Bien qu’il soit difficile de définir un seuil d’apparition de réactions allergiques, il peut être intéressant de compléter l’inventaire des agents sensibilisants par des prélèvements d’atmosphère ou de surface pour mettre en évidence les voies d’exposition. Les mesures peuvent également avoir pour objectif de contrôler l’efficacité des mesures de prévention mises en œuvre. La représentativité des résultats dépendra de l’adéquation de la stratégie de prélèvement et des méthodes de prélèvement et d’analyse retenues.
La base de données Métropol constitue un recueil des méthodes d'évaluation de l'exposition professionnelle validées par l'INRS, pour le prélèvement et l'analyse d’agents chimiques et biologiques. Les substances sensibilisantes dont la présence est suspectée sur les lieux de travail (dépôt sur les surfaces, dispersion dans l'air, composants de certains matériaux) peuvent être mesurées à l’aide des méthodes proposées, par exemple :
- divers agents chimiques pouvant provoquer des allergies : isothiazolinones, acrylates, amines, aldéhydes, fumarate de diméthyle, métaux tels que le nickel ou le chrome… ;
- les poussières de bois ;
- certains micro-organismes aérobies.
Il est à noter qu’en dehors des bactéries et champignons cultivables, peu de micro-organismes font l’objet de méthodes d’évaluation standardisées et disponibles pour les milieux professionnels. Ces mesures peuvent être complétées par l’identification des micro-organismes échantillonnés. Il est alors possible de repérer, parmi les micro-organismes identifiés, ceux qui sont susceptibles d’être impliqués dans des réactions allergiques.
Mesures de prévention
En priorité : supprimer ou substituer
Lorsqu’un risque d’exposition à un agent sensibilisant est révélé par l’évaluation des risques, ce risque doit être supprimé. À défaut, lorsque cela est techniquement possible, la substitution du produit ou du procédé exposant à un risque allergique par un produit ou un procédé non dangereux ou moins dangereux doit être recherchée.
Exemples de suppression ou de substitution par des procédés ou des matériaux ou des produits moins dangereux |
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Activité |
Produit ou procédé exposant à un agent sensibilisant |
Solution retenue |
Mise en propreté |
Nettoyant de surfaces (biocides, parfums) |
Détergent formulé sans biocides (utilisés comme conservateurs) et sans parfums |
Soin à la personne |
Gants médicaux à usage unique en caoutchouc naturel (protéines de latex, accélérateurs de vulcanisation) |
Gants médicaux non poudrés en caoutchouc naturel à teneur réduite en protéines et accelerator-free Gants médicaux non poudrés en caoutchouc synthétique accelerator-free |
Tannerie / mégisserie |
Tannage au chrome |
Tannage végétal |
Imprimerie |
Encre UV (acrylates) |
Encre UV formulée avec des acrylates d’alcools éthoxylés, moins sensibilisants |
Produits de salaison / charcuterie |
Moisissures utilisées lors du procédé de fabrication |
Remplacer les souches fongiques utilisées par des souches moins couvrantes et moins allergisantes |
Adapter les méthodes de travail
Lorsque ni la suppression, ni la substitution des agents sensibilisants n’est possible, il est essentiel de recourir aux procédés ou méthodes de travail les moins émissives possibles. Une réflexion sur l’organisation du travail peut également permettre de réduire les risques d’irritation cutanée, celle-ci favorisant la survenue d’allergies.
Exemples d’adaptation des procédés de travail |
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Activité |
Adaptation des procédés ou de l’organisation du travail |
Esthétique / Coiffure / Prothésie ongulaire |
Remplacer les produits à pulvériser en aérosols par des formes en gel, crème ou cire. |
Coiffure |
Instaurer une rotation fréquente du personnel en charge des shampoings sur chaque journée pour limiter le travail en milieu humide. |
Mise en propreté (désinfection de surfaces) |
Remplacer la pulvérisation de désinfectants par l’essuyage avec des chiffons imbibés. |
Formulation |
Préférer les ingrédients sous forme de granulés ou de masterbatch liquide plutôt que sous forme de poudre. |
Peinture d’objets produits en série |
Automatiser l’application de peintures. |
Élevage d’insectes |
Nettoyage du matériel et outils : proscrire le jet haute pression ; étudier la possibilité de mécaniser le lavage du matériel et des outils. |
Produits de salaison / charcuterie |
Éviter le brossage de produits de charcuterie. |
Concernant les agents sensibilisants liés à la présence de micro-organismes colonisant les locaux de travail, leur présence doit être prévenue en agissant sur les conditions qui favorisent leur prolifération (voir également la page « Prévention » du dossier « Risques biologiques ») :
- concevoir des espaces de travail et de stockage à la capacité adaptée à l’activité ;
- assurer une ventilation efficace des locaux de travail pour réduire leur humidité ;
- nettoyer régulièrement les locaux pour éviter les dépôts de matières organiques favorables aux développement des moisissures ;
- respecter les consignes d’entretien et de maintenance des installations de climatisation et des réseaux de ventilation.
Confiner, capter à la source
Lorsque le recours à des procédés non dispersifs n’est pas possible ou lorsqu’un risque résiduel est identifié en dépit de l’adaptation des procédés de travail, la zone dans laquelle des allergènes peuvent être émis doit être réduite au maximum pour éviter l’exposition des opérateurs.
Parmi les mesures de protection collective à mettre en place, un confinement peut être réalisé dans des installations totalement hermétiques. À défaut, un dispositif de captage enveloppant doit être mis en place sur la source d’émission, l’air extrait par le dispositif de captage doit être rejeté à l’extérieur des bâtiments dans le respect des règles de protection environnementale.
Exemples de confinement d’opérations émissives |
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Activité |
Mesure de confinement |
Impression d’étiquettes dans le secteur de l’emballage |
Recouvrir d’un capot chaque station d’impression et capter les émissions. |
Boulangerie |
Charger la farine directement dans un pétrin muni d’un capot transparent à partir d’un silo. |
Nettoyage et prédésinfection du matériel médical réutilisable |
Nettoyer les endoscopes dans un bac muni d’écrans et d’une aspiration intégrée sur son pourtour. |
En complément, adopter des protections individuelles et prendre soin de sa peau
En complément des mesures de protection collective, des équipements de protection individuelle (EPI) doivent être portés par les opérateurs si un risque résiduel a été mis en évidence. Les EPI sont définis en fonction des risques d’exposition identifiés.
La protection des mains joue un rôle majeur dans la prévention des allergies cutanées. Elle passe, bien sûr, par le port de gants adaptés, mais aussi par une attention particulière à l’hygiène et au soin des mains pour prévenir l’irritation cutanée (voir tableau ci-dessous).
Programme de protection cutanée |
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Lavage des mains |
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Port de gants |
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Entretien des mains |
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Protection des mains en dehors du travail |
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Note : D’après l’article « Guidelines for diagnosis, prevention and treatment of hand eczema – short version » (Diepgen T. et al., Journal der Deutschen Dermatologischen Gesellschaft, 2015, 13(1), pp. 77-85).
Pour en savoir plus
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Article de revue 12/2013 | DO 3
Prévenir les allergies professionnelles : des solutions existent
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dossier 01/2023
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dossier 02/2023
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DOSSIER 11/2015
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fiches