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Acétate de méthyle

Fiche toxicologique n° 88

Sommaire de la fiche

Édition : Février 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [1, 15-17]

    L'acétate de méthyle pénètre par toutes les voies d'exposition et est rapidement hydrolysé en acide acétique et en méthanol qui sont éliminés par voies rénale et pulmonaire.

    Chez l'animal

    Du fait de sa bonne solubilité dans le plas­ma, l'acétate de méthyle traverse facilement la barrière alvéolo-capillaire. Son absorption par voie pulmonaire est donc rapide et impor­tante, supérieure à celle de la plupart des solvants des autres familles. Le produit est probablement bien absorbé par voie digestive. L'absorption percutanée serait possible.

    L'acétate de méthyle est ensuite rapide­ment hydrolysé, soit spontanément, soit par l'action d'estérases non spécifiques plasma­tiques et hépatiques, en méthanol et en acide acétique.

    L'élimination de la substance elle-même et de ses métabolites est rénale et pulmonaire. L'excrétion urinaire de méthanol a été propo­sée par certains comme indicateur d'exposi­tion à l'acétate de méthyle. Dans une étude effectuée chez des sujets normaux, exposés à 200 ppm, pendant 2 heures, 2 fois/jour, durant 3 à 4 jours, l'excrétion urinaire de méthanol aug­mente progressivement pendant la première exposition pour atteindre son niveau maxi­mum au cours de la deuxième exposition. Les taux maximum dépassent généralement 10 mg/L et la méthanolurie redevient normale le lendemain matin.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [1, 18-24]

    La toxicité aiguë de l'acétate de méthyle est faible. A fortes doses, les intoxications se caractérisent par des troubles digestifs et une dépression du système nerveux central ainsi que des effets d'irritation des voies respiratoires (pouvant mener à un œdème du poumon). Les vapeurs sont irritantes pour les yeux et les muqueuses respiratoires. Il est modérément irritant pour la peau et les yeux.

    La DL50 par voie orale est de 5450 mg/kg chez le rat et de 3705 mg/kg chez le lapin.

    La DL50 par voie percutanée est supérieure à 5000 mg/kg chez le lapin.

    La CL50 n'a pas été déterminée. La concen­tration létale la plus basse par inhalation est de 32 000 ppm chez le rat et 34 000 mg/m3 (11 300 ppm) chez la souris, pour une expo­sition de 4 heures ; elle est de 67 000 mg/m3 (22 000 ppm), pour une exposi­tion de 1 heure chez le chat.

    Les effets observés chez la souris sont fonc­tion des niveaux d'exposition :

    • irritation, dyspnée et somnolence (à 7900 ppm, pendant 6 heures),
    • avec narcose (à partir de 11 220 ppm, pen­dant 4 à 5 heures),
    • convulsions (à partir de 41 580 ppm, pen­dant 23 à 35 min),
    • œdème pulmonaire avec mort des ani­maux aux plus fortes doses (55440 ppm, pen­dant 10 à 20 min).

    La dose sans effet chez la souris est de 5000 ppm (15mg/L), pour une exposition de 20 minutes.

    A 18 500 ppm (56 mg/L), pendant de courtes expositions (4 à 4,5 heures), les chats présen­tent une irritation oculaire, une dyspnée et une hypersalivation. Des vomissements et des convulsions précédant une dépression du sys­tème nerveux central sont notés chez l'un des animaux. Ces effets sont majorés lors d'exposi­tions à des niveaux plus élevés. Un œdème pul­monaire et la mort de tout ou partie des animaux sont constatés à partir de 31 350 ppm, pendant 41 minutes. A 9900 ppm (30 mg/L), pendant 10 heures, on n'observe qu'une irritation oculaire, une hypersalivation et une somnolence. A 5000 ppm (15 mg/L), pendant 20 minutes, il ne se produit qu'une irritation oculaire avec hypersalivation.

    Lorsque les animaux ne meurent pas, les effets narcotiques régressent généralement rapidement après arrêt de l'exposition (en 3 à 6 heures).

    Chez le lapin, l'application cutanée (épreuve de Draize ordinaire) de 20 à 500 mg, pendant 24 heures, provoque une irritation légère à modé­rée. En instillation oculaire chez le lapin, l'acé­tate de méthyle produit un érythème avec hyper­hémie et œdème de la conjonctive et de la cor­née, la gravité des lésions oculaires dépendant essentiellement de la concentration du produit. La réaction est modérée avec 100 mg pendant 24 heures (épreuve de Draize ordinaire). Dans une étude portant sur plus de 300 composés chi­miques, l'indice d'irritation oculaire de l'acétate de méthyle chez le lapin a été déterminé à 5 sur une échelle de 10 ; l'irritation cutanée est faible : indice 1 sur une échelle de 10.

    Toxicité subchronique, chronique [1, 25]

    Lors d'exposition à l'acétate de méthyle seul, on observe une irritation oculaire et des troubles neurologiques.

    Dans une expérimentation chez des chats exposés à une concentration moyenne de 6600 ppm (20 mg/L), 6 heures par jour, pendant 7 jours (où il a été constaté une irritation oculaire, une hypersalivation, une faiblesse musculaire et l'apparition progressive d'une dépression du système nerveux central ainsi qu'une perte de poids corporel), les examens biologiques prati­qués sur 3 des animaux ont montré une aug­mentation du taux d'hémoglobine et du nombre des érythrocytes et, chez 2 d'entre eux, une hyperleucocytose.

    Aucune autre donnée n'est disponible pour l'acétate de méthyle testé isolément. Les seuls renseignements disponibles proviennent d'une expérimentation chez le rat exposé à 10 000 ppm d'un mélange de toluène (52,8 %), de 2-propanol (21,7 %), d'acétates de méthyle (12,6 %), d'éthyle (3,4 %) et de butyle (3,2 %), de 4-méthyl-2-pentanone (3,4 %) et de méthanol (2,9 %), pendant 10 minutes, 2 fois/jour, 6 jours/ semaine, pendant 12 à 14 mois. Les observa­tions font état d'une diminution du gain de poids corporel par rapport aux animaux témoins et, à l'examen microscopique du cor­tex cérébral, d'anomalies des structures mito­chondriales au niveau des neurones et des axones, d'une prolifération du réticulum endo­plasmique et des ribosomes, avec dilatation de l'appareil de Golgi au niveau des neurones. La prolifération des lysosomes et du matériel lipi­dique observée dans les neurones suggère, d'après les auteurs, un processus dégénératif.

    Effets génotoxiques [26]

    L'acétate de méthyle provoque des aneuploïdies mitotiques mais pas de mutation ponctuelle in vitro.

    Dans un essai sur une souche de Saccharomyces cerevisiæ, l'acétate de méthyle s'est révélé un inducteur d'aneuploïdie mito­tique (malségrégation chromosomique), à un degré moindre que l'acétate d'éthyle, sans recombinaison mitotique ou mutation ponc­tuelle. Il n'existe pas d'autre information dispo­nible sur la génotoxicité du produit.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique (1982).

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique (1982).

  • Toxicité sur l’Homme

    Peu de données sont disponibles sur la toxi­cité humaine de l'acétate de méthyle utilisé isolément (ce solvant se présentant le plus souvent associé à d'autres produits chi­miques). A faibles concentrations, sa toxicité semble peu importante, comparativement à celle de beaucoup de solvants industriels. Par contre, à fortes doses, particulièrement à tem­pérature ambiante élevée, les vapeurs émises pourraient provoquer des atteintes en rapport avec un pouvoir fortement irritant pour les muqueuses, ainsi que des effets sur le système nerveux central et sur le nerf optique (en raison de sa transformation partielle en méthanol : cf. fiche toxicologique FT 5).

    Toxicité aiguë [1, 15-17, 23, 25, 27, 28]

    Les esters aliphatiques simples sont anes­thésiques lorsqu'ils sont inhalés à de très fortes concentrations, provoquant céphalées, ver­tiges, asthénie et somnolence. Le pouvoir anes­thésique de l'acétate de méthyle est moindre que celui des acétates d'éthyle, de butyle et de pentyle et des éthers, mais il est supérieur à celui de l'éthanol, de l'acétone ou d'alcanes comme le pentane. À concentration très éle­vée, l'acétate de méthyle pourrait produire une symptomatologie semblable à celle observée lors d'une intoxication par le méthanol.

    A concentrations plus faibles, il a des effets irritants pour les muqueuses comparables à ceux de l'acétate d'éthyle : une irritation ocu­laire et des voies respiratoires se manifeste à partir de 4050 ppm (12 mg/L) sur une période très brève ; à 10 000 ppm (30 mg/L), l'irritation persiste après l'arrêt de l'exposition.

    Par ingestion, l'acétate de méthyle est sus­ceptible de provoquer une irritation des muqueuses buccales et du pharynx, avec sen­sation de brûlures, rougeur et œdème local. De faibles quantités peuvent provoquer des troubles respiratoires, des céphalées, une somnolence et des vertiges ; à doses plus importantes, il faut craindre la survenue d'une intoxication semblable à celle provoquée par le méthanol avec acidose métabolique, atteinte visuelle par névrite optique rétro-bulbaire, etc.

    Les projections oculaires d'acétate de méthyle entraînent des lésions généralement réversibles (sensations de brûlures, rougeur et œdème). Le contact cutané prolongé avec l'acétate de méthyle peut être responsable d'une dermatose irritative avec dessication de la peau.

    Toxicité chronique [16, 21, 23]

    Peu d'observations d'intoxications profes­sionnelles chroniques ont été rapportées. Certains auteurs considèrent que le risque de l'acétate de méthyle est similaire à celui du méthanol en exposition chronique. Une obser­vation, datant de 1944, décrit l'apparition pro­gressive d'une atrophie bilatérale du nerf optique avec scotome central de l'œil gauche, rétrécissement concentrique du champ visuel de l'œil droit et cécité visuelle bilatérale chez un sujet exposé professionnellement à l'acé­tate de méthyle, qui présentait également des céphalées, une fatigue des vertiges et troubles de la marche, ainsi que des troubles visuels paroxystiques.

    Une dermite d'irritation avec assèchement de la peau peut survenir au contact répété ou prolongé avec l'acétate de méthyle.

    Effets génotoxiques [28]

    Une étude effectuée dans plusieurs indus­tries de la peinture, portant sur des groupes de travailleurs exposés à différents solvants orga­niques, parmi lesquels se trouvait l'acétate de méthyle (concentration de 3 à 169 mg/m3, avec une valeur moyenne de 12 mg/m3), n'a pas mis en évidence d'augmentation de la fréquence des échanges de chromatides-sœurs dans les lymphocytes circulants.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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