Recommandations
Les mesures de prévention à mettre en œuvre comprennent des mesures de protection collective (dispositifs de confinement, systèmes de captage, ventilation des locaux), complétées si nécessaire par le port d’équipements de protection individuelle (appareil de protection respiratoire filtrant anti-aérosols, vêtements de protection contre le risque chimique), notamment lorsque le principe de double barrière entre les nanoparticules et l’opérateur n’est pas assuré. Une information et une formation des opérateurs doivent accompagner ces mesures.
Au point de vue technique
- Manipulation : mettre le matériel, notamment le matériel électrique, y compris l’éclairage, en conformité avec la réglementation en vigueur. Prendre toutes dispositions pour éviter l’accumulation d’électricité statique.
- Les moyens de protection collective : les dispositifs de confinement, les systèmes de captage inducteurs et la ventilation des locaux (barrières de pression). Les dispositifs de ventilation comprendront un étage de filtration à très haute efficacité (filtre H14, selon NF EN 1822-1) situé au plus proche de la source pour éviter la contamination des équipements.
Plusieurs résultats de la littérature montrent que les enceintes de confinement et les dispositifs de captage ont une efficacité similaire lorsqu’ils sont utilisés pour maîtriser les émissions de gaz ou d’aérosols nanométriques [58]. Des équipements permettant de confiner les procédés de production ou de manipulation des poudres nanométriques (sorbonnes, Poste de Sécurité Cytotoxique, enceintes ventilées en dépression…) seront utilisées de préférence ; ceux-ci sont particulièrement bien adaptés aux installations de type laboratoire (de dimensions réduites). Pour les procédés industriels, des dispositifs de captage inducteur (anneaux aspirants pour le remplissage de sacs ou containers, dosserets aspirants, cabines ouvertes…) pourront aussi être utilisés ; certains dispositifs décrits dans le guide de ventilation "Emploi de matériaux pulvérulents" [59] sont transposables au cas des nanoparticules. Le degré de confinement des procédés devra être adapté à l’intensité des sources générées par la fabrication ou la manipulation de NC ainsi qu’aux valeurs limites retenues pour l’évaluation des risques [60, 61, 62].
Dans le cas des nanoparticules, il est recommandé d’adopter le principe d’une double barrière de protection entre les nanoparticules et l’opérateur, la première barrière devant être placée au plus près de la source potentielle d’émission. La barrière peut être matérielle (conteneur, boite à gants, réacteur fermé) ou immatérielle (confinement dynamique réalisé par une enceinte ventilée ou un captage inducteur) [63].
- Equipements de protection individuelle :
- choix de l’Appareil de Protection Respiratoire (APR) : lorsque la double barrière de confinement n’est pas assurée, le port de protections individuelles peut s’avérer indispensable (par exemple lors des opérations de maintenance et de nettoyage). Il est recommandé de porter un appareil de protection respiratoire filtrant anti-aérosols (filtre de classe 3) à ventilation libre ou assistée en fonction de l’exposition attendue (concentration en nanoparticules, durée, etc.).
- vêtements de protection contre le risque chimique de type 5 et des gants [63].
- Stocker le noir de carbone dans des locaux bien ventilés, à l’abri de toute source de chaleur ou d’ignition (flammes, étincelles...) et à l’écart des produits incompatibles (oxydants forts...).
Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement accidentel, le produit ne puisse se répandre au-dehors.
Au point de vue médical
A ce jour, il n’existe pas de recommandation française en matière de suivi de l'état de santé des personnes exposées ou ayant été exposées professionnellement au noir de carbone. L’exposition au noir de carbone n’entre pas dans la liste des postes à risque relevant d’un suivi individuel renforcé (SIR) (liste définie à l’article R. 4624-23 alinéa I du Code du Travail). Les modalités du suivi de l'état de santé sont déterminées par le médecin du travail en fonction des résultats de l’évaluation des risques et de l’état de santé du salarié. Certaines études suggèrent un retentissement possible de l’exposition au noir de carbone sur la fonction respiratoire et le système cardiovasculaire.
- Lors des visites initiale et périodiques :
- Examen clinique et anamnèse : Rechercher particulièrement des antécédents ou signes fonctionnels respiratoires (asthme, BPCO, dyspnée, toux, expectorations, hémoptysie…), un tabagisme (le cas échéant, inciter le sevrage), une co-exposition à des cancérogènes broncho-pulmonaires (ex : amiante), ainsi que des antécédents ou signes fonctionnels de maladie cardiovasculaire (cardiopathie ischémique ou rythmique, palpitations…)
- Examens complémentaires : L’examen clinique initial peut être complété par une radiographie pulmonaire, des épreuves fonctionnelles respiratoires avec courbe débit-volume, et un ECG qui serviront d’examens de référence. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique, de l’appréciation de l’importance de l’exposition au noir de carbone et de la présence de co-expositions.
Conduites à tenir en cas d’urgence
- En cas de projection oculaire, laver immédiatement et abondamment à l’eau, les paupières bien écartées, pendant 10 à 15 minutes afin d’éliminer toutes les poussières. Si une irritation oculaire apparait, une consultation ophtalmologique sera nécessaire.
- En cas d’inhalation massive de poussières, évacuer la victime de la zone polluée. En cas de gêne respiratoire, la transférer en milieu hospitalier pour surveillance et traitement symptomatique.