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Phosphate de tritolyle

Fiche toxicologique n° 44

Sommaire de la fiche

Édition : 2014

Recommandations

En raison de sa toxicité, des mesures strictes de préven­tion et de protection s'imposent lors du stockage et de la manipulation du phosphate de tritolyle.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le phosphate de tritolyle dans des locaux frais et bien ventilés. Tenir à l'écart de la chaleur et de toute source d'ignition (étincelles, flammes, rayons solaires...) et ne pas fumer. Tenir également à l'écart des produits incompatibles (oxydants forts...).
    Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et for­mera une cuvette de rétention, afin qu'en cas de déver­sement accidentel, le liquide ne puisse se répandre au dehors.
  • Maintenir les récipients soigneusement fermés et éti­quetés. Reproduire l'étiquetage en cas de fractionnement des emballages.
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le phosphate de tri­tolyle. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par le pro­duit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident.
  • Entreposer dans les ateliers des quantités de produit relativement faibles et de toute manière ne dépassant pas celles nécessaires au travail à réaliser.
  • Prévenir toute inhalation de vapeurs. Effectuer en appa­reil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des émissions à leur source ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire. Leur choix dépend des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre de type AP3 lors de la manipulation de la substance. Pour les interventions d'ur­gence, le port d'un appareil respiratoire isolant autonome est nécessaire.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, gants imperméables (de type caoutchouc butyle, alcool polyvinylique (PVAL), polychlorure de vinyle (PVC), Viton® [30, 31]) et lunettes de sécurité. Ces équipements seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Ne pas fumer, boire ou manger dans les ateliers.
  • Contrôler fréquemment et régulièrement la présence de phosphate de tritolyle dans l'air des lieux de travail (voir le chapitre « Méthode de détection et de détermina­tion dans l'air »).
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du phosphate de tritolyle sans prendre les précautions d'usage [32].
  • Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le phosphate de tritolyle.
  • En cas de déversement accidentel, récupérer immé­diatement le produit après l'avoir recouvert de matériau absorbant inerte (sable, terre de diatomée, vermiculite) et laver la surface ayant été contaminée à l'eau. Si le déver­sement est important, aérer la zone et faire évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection appro­prié.
  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto­risées par la réglementation.

Au point de vue médical

  • À l'embauchage et lors des examens périodiques, rechercher plus particulièrement des atteintes neurolo­giques et rénales.
  • ​Surveillance biologique : Le dosage de l'acétylcholinestérase intraérythrocytaire (AChE) est le meilleur indicateur de l'inhibition de l'acé­tylcholinestérase dans les hématies, mais aussi un bon indice de l'activité cholinestérasique des autres tissus (notamment nerveux) et le meilleur reflet des effets sur la santé. Du fait des grandes variabilités intra-individuelles de l’AChE et de la BuChE et inter-individuelles de la BuChE, il est souhaitable de déterminer la valeur de référence avant toute exposition (ou au moins après 3 semaines et au mieux 6 semaines de non-exposition) de l'activité cholinestérasique. Seule une réduction d'au moins 30 % de l'activité cholinestérasique moyenne par rapport au niveau de base peut être considérée comme significative, en l'absence de signe clinique. L’ACGIH retient la réduction de l'activité cholinestérasique intraérythrocytaire à 70 % de la valeur de référence indivi­duelle comme BEI (Biological Exposure Indice).
  • Lors d'accidents aigus, demander dans tous les cas l'avis d'un médecin ou du centre antipoison régional ou de ser­vices de secours médicalisés d'urgence.
  • En cas de contact cutané, laver immédiatement et abondamment à l'eau pendant 15 minutes, en retirant s'il y a lieu les vêtements souillés ; ceux-ci ne seront pas réuti­lisés avant d'être décontaminés. Lorsque la zone contami­née est étendue, il est nécessaire de consulter un médecin ou de faire transférer en milieu hospitalier.
  • En cas de projection oculaire, laver immédiatement à l'eau pendant 10 à 15 minutes en écartant bien les pau­pières. En cas d'apparition d'une gêne visuelle, adresser le sujet chez un ophtalmologiste.
  • En cas d'inhalation massive de vapeurs ou d'aérosols, retirer le sujet de la zone polluée (après avoir pris les précautions nécessaires pour les intervenants) et le faire transférer en milieu hospitalier. En attendant les secours, déshabiller la victime et commencer une décontamina­tion cutanée et oculaire soigneuse. Pratiquer, s'il y a lieu, des manœuvres de réanimation.
  • En cas d'ingestion accidentelle, ne pas faire boire et ne pas tenter de provoquer des vomissements ; faire transfé­rer rapidement en milieu hospitalier, si possible par une ambulance médicalisée, pour un traitement symptoma­tique et une surveillance prolongée.
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