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Sulfure d'hydrogène

Fiche toxicologique n° 32

Sommaire de la fiche

Édition : Février 2024

Recommandations

Le sulfure d'hydrogène est un gaz très toxique et très inflammable. Des mesures de prévention et de protection particulièrement strictes s'imposent lors de son utilisa­tion et de toute opération au cours de laquelle il peut apparaître, notamment lors des interventions en espace confiné. 

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
  • Lutte contre l'incendie : former les opérateurs à la manipulation des moyens de première intervention (extincteurs, robinets d’incendie armés…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX)[10].

 

Manipulation

  • Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
  • Réduire le nombre de personnes exposées au sulfure d’hydrogène.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur[24].
  • Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté au sulfure d’hydrogène, à la pression et comporter des câbles de retenues correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistants au sulfure d’hydrogène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de sulfure d’hydrogène.
  • Manipuler les contenants avec soin pour prévenir les chocs.
  • Utiliser les bouteilles debout et attachées afin d’éviter leur chute.
  • Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n'est pas conçu pour rester de manière prolongée sous pression).
  • Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au sulfure d’hydrogène présent dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques conclu à un risque faible (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Procéder à un contrôle fréquent et régulier de la teneur de l'atmosphère en sulfure d’hydrogène ou mieux, à un contrôle permanent complété par un système d'alarme automatique. Ne pas se fier à l’odeur, car le gaz provoque rapidement une anesthésie olfactive. Si possible, maintenir la concentration à des valeurs notablement plus faibles que la valeur limite d'ex­position [25].
  • Protéger les contenants du soleil et des sources de chaleur.
  • Ne jamais transvaser le sulfure d’hydrogène d’un contenant à un autre.
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de sulfure d’hydrogène doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [26].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du sulfure d’hydrogène doivent faire l’objet d’un permis de feu [27].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels le sulfure d’hydrogène est stocké et/ou manipulé doivent faire l’objet d’une signalisation [28].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du sulfure d’hydrogène sans prendre les précautions d’usage [29].

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [30, 31]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux[32 à 35].

  • Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B lors de la manipulation de la substance [36].
  • Gants : le matériau préconisé pour un contact prolongé est le caoutchouc butyle. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoucs naturel, nitrile ou en néoprène ainsi que le poly(chlorure de vinyle [37, 38].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [39].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [40].

 

Stockage

  • Stocker les contenants (bouteilles) de sulfure d’hydrogène debout et attachés, dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes supérieurs à 50 °C et de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…). Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
  • Le stockage de sulfure d’hydrogène s’effectue habituellement sous forme de gaz liquéfié ; l’ogive de la bouteille est de couleur jaune [41]. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Ne pas entreposer avec des matières oxydantes, des substances comburantes ou tout produit chimique dangereux.
  • Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
  • Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s’il existe.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.

 

Déchets

  • Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bouteilles endommagées dans les conditions autorisées par la réglementation.

 

En cas d’urgence

  • En cas de fuite non enflammée, fermer l’arrivée du gaz ; si la fuite ne peut être stoppée, interdire l’approche pour éviter tout risque d’inflammation (matériel électrique, feu nu…). Dans tous les cas, aérer la zone et évacuer le personnel en évitant la génération de sources d’inflammation.
  • En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l'accès au robinet peut se faire sans risque ; si la fuite ne peut être stoppée, laisser brûler en refroidissant les bouteilles et les installations voisines exposées au feu à l’aide d’eau pulvérisée.
  • Si des bouteilles de sulfure d’hydrogène sont exposées à un incendie (sans que le sulfure d’hydrogène ne brûle lui-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Prévoir des moyens de secours appropriés contre l'incendie, à proximité immédiate du dépôt.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents de pathologies respiratoires, neurologiques et cardiaques chroniques, des signes d’irritation des muqueuses oculaires et respiratoires, ainsi que des symptômes évocateurs d’une atteinte systémique (céphalées, vertiges, nausées, palpitations, dyspnée, douleurs thoraciques, etc.).
    • L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR), qui serviront de référence.
    • La fréquence des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
    • Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer au sulfure d’hydrogène.

 

Conduites à tenir en cas d'urgence

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin. Tenir compte du risque associé d’inhalation en fonction des circonstances d’exposition, et appliquer la conduite à tenir correspondante le cas échéant.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles. Tenir compte du risque associé d’inhalation en fonction des circonstances d’exposition, et appliquer la conduite à tenir correspondante le cas échéant.
  • En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Prévenir du risque de survenue d'un œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures suivant l'exposition et de la nécessité de consulter en cas d’apparition de symptômes respiratoires.
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