Recommandations
En raison des risques graves d’intoxication, d’incendie et d’explosion présentés par la phosphine, des mesures rigoureuses de prévention et de protection s’imposent lors de son stockage et de sa manipulation, et des opérations susceptibles d’en libérer.
Au point de vue technique
Information et formation des travailleurs
- Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
- Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
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Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
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Lutte contre l'incendie : former les opérateurs à la manipulation des moyens de première intervention (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
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Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [32].
Manipulation de phosphures métalliques libérant / générant de la phosphine
- N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
- Éviter tout contact de phosphures métalliques avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation poussières. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des poussières et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [33].
- Réduire le nombre de personnes exposées aux phosphures métalliques.
- Éviter tout rejet atmosphérique de phosphures métalliques.
- Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de phosphures métalliques doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [34].
- Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant des phosphures métalliques doivent faire l’objet d’un permis de feu [35].
- Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [36].
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des équipements contenant ou ayant contenu des phosphures métalliques sans prendre les précautions d’usage [37].
- Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail, ou en utilisant un système d'aspiration, adapté aux poussières combustibles le cas échéant. Le nettoyage à l'humide est à proscrire car il favorisera la formation de phosphine.
- Les opérations de fumigation utilisant des composants générateurs de phosphine ne doivent être réalisées qu'en respectant scrupuleusement les mesures de prévention. Notamment, l'ouverture et de le dépôtage de conteneurs pouvant contenir de la phosphine en tant que produit de fumigation doivent respecter les mesures de prévention suivantes [38, 39] :
- contrôle du conteneur (nature, provenance), recherche d'un éventuelle fumigation (étiquette...) ;
- mesure de la qualité de l'air à l'intérieur du conteneur en cas de suspicion de présence de phosphine (par un dispositif portable adapté) ;
- ventilation du conteneur (naturelle voire mécanique) ;
- ouverture du conteneur et contrôle visuel afin de rechercher d'éventuelles traces de résidus de fumigation.
Certaines opérations (mesure de la concentration de phosphine, ouverture des portes pour installation de la ventilation mécanique, etc.) nécessitent le port d'un appareil de protection respiratoire.
Manipulation de phosphine sous forme de gaz comprimé (bouteille de gaz)
- Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
- Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [33].
- Réduire le nombre de personnes exposées à la phosphine.
- Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté à la phosphine, à la pression et comporter des câbles de retenues correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistants à la phosphine.
- Éviter tout rejet atmosphérique de phosphine.
- Manipuler les contenants avec soin pour prévenir les chocs.
- Utiliser les bouteilles debout et attachées afin d’éviter leur chute.
- Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n'est pas conçu pour rester de manière prolongée sous pression).
- Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
- Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés à la phosphine présente dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faible (§ Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
- Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de la phosphine doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [34].
- Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant la phosphine doivent faire l’objet d’un permis de feu [35].
- Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [36].
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu de la phosphine sans prendre les précautions d’usage [37].
- Ne jamais transvaser de phosphine d’un contenant à un autre.
Équipements de Protection Individuelle (EPI) en cas d'exposition à la phosphine
Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.
Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [40, 41]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [42 à 45].
- Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B lors de la manipulation de la substance [46].
- Gants : le matériau préconisé pour un contact intermittent ou en cas d’éclaboussure est le polychlorure de vinyle. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoucs butyle, naturel, néoprène et nitrile [47, 48].
- Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [49].
- Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [50].
Stockage de phosphures métalliques libérant / générant de la phosphine
- Stocker les phosphures métalliques dans des locaux frais, sous ventilation mécanique permanente et à l'abri de l'humidité. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, et de toute autre source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
- Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec les phosphures métalliques (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
- Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
- Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
- Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
- Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens de lutte contre l'incendie adaptés à l’ensemble des produits stockés.
- Séparer les phosphures métalliques des produits comburants. Si possible, la stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.
Stockage de phosphine sous forme de gaz comprimé (bouteille de gaz)
- Stocker les contenants (bouteilles) de phosphine debout et attachés, dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de surfaces chaudes, de chaleur, et de toute autre source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…). Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
- Le stockage de la phosphine s'effectue habituellement sous forme de gaz liquéfié ; l’ogive de la bouteille est de couleur jaune [51]. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
- Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
- Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s'il existe.
- Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
- Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
- Séparer la phosphine des produits comburants car la phosphine est un réducteur puissant (voir "Propriétés chimiques"). Si possible, la stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.
Déchets
- Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bouteilles endommagées dans les conditions autorisées par la réglementation.
En cas d’urgence lors de l'utilisation de phosphures métalliques libérant / générant de la phosphine
- En cas de déversement accidentel de poudre ou de poussières, le balayage, l’utilisation de la soufflette et le nettoyage à l'humide sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur industriel. Si les poussières sont combustibles, n’utiliser qu’un aspirateur adapté à l’aspiration de poussières combustibles.
- Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
- Prévoir l’installation de lave-oeil et de douches de sécurité [52].
Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.
En cas d’urgence lors de l'utilisation de phosphine sous forme de gaz comprimé (bouteille de gaz)
- En cas de fuite non enflammée, fermer l’arrivée du gaz ; si la fuite ne peut être stoppée, interdire l’approche pour éviter tout risque d’inflammation (voitures, matériel électrique, feu nu…). Dans tous les cas, aérer la zone et évacuer le personnel en évitant la génération de sources d’inflammation.
- En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l'accès au robinet peut se faire sans risque ; si la fuite ne peut être stoppée, laisser brûler en refroidissant les bouteilles et les installations voisines exposées au feu à l’aide d’eau pulvérisée.
- Si des bouteilles de phosphine sont exposées à un incendie (sans que la phosphine ne brûle elle-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
- En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
- Prévoir des moyens de secours appropriés contre l'incendie, à proximité immédiate du dépôt.
- Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
- Prévoir l’installation de lave-oeil et de douches de sécurité [52].
Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.
Au point de vue médical
- Lors des visites initiale et périodiques
- Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents de pathologies respiratoires, neurologiques et cardiaques chroniques, des signes d’irritation des muqueuses oculaires et respiratoires, ainsi que des symptômes évocateurs d’une atteinte systémique (céphalées, vertiges, palpitations, douleurs thoraciques, dyspnée, ictère, etc.).
- L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR), qui serviront de référence. La fréquence des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (EFR, contrôle des fonctions hépatique et rénale, numération formule sanguine, etc.) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
- Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à la phosphine.
Conduites à tenir en cas d’urgence
- En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Prévenir du risque de survenue d'un œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures suivant l'exposition et de la nécessité de consulter en cas d’apparition de symptômes respiratoires.
- On agira de même en cas d’ingestion de phosphures métalliques, du fait du risque de production de phosphine au contact de l’acide gastrique.
- En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas consulter un médecin. Tenir compte du risque associé d’inhalation en fonction des circonstances d’exposition, et appliquer la conduite à tenir correspondante le cas échéant.
- En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles. Tenir compte du risque associé d’inhalation en fonction des circonstances d’exposition, et appliquer la conduite à tenir correspondante le cas échéant.