Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [3-5, 12]
Chez l’animal, la diéthylamine est absorbée par toutes les voies mais aucune donnée quantitative n’est disponible. Chez l’homme, elle est majoritairement excrétée sous forme inchangée.
Chez l'animal
Très peu d’informations sont disponibles. Chez l’animal, la diéthylamine est absorbée au niveau du tractus gastro-intestinal et du tractus respiratoire, ainsi que par voie percutanée, mais aucune donnée quantitative n’est disponible.
Chez l’homme, une étude menée sur volontaires a montré qu’après ingestion de 5 grammes de chlorhydrate de diéthylamine, on retrouvait en 24 heures dans les urines 86 % de l’amine sous forme inchangée.
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Mode d'actions
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Toxicité expérimentale
Toxicité aiguë [2, 5]
Les symptômes observés aux doses létales sont essentiellement dus à l’alcalinité du produit se traduisant par une irritation intense des tractus gastro-intestinal et respiratoire. À ces signes irritatifs sévères sont associés principalement des effets systémiques au niveau du système nerveux, quelle que soit la voie d’administration.
Les propriétés corrosives de la diéthylamine ont été mises en évidence pour la peau et les yeux de lapins ; les données concernant son potentiel sensibilisant sont équivoques.
La DL50 par voie orale chez le rat est de 540 mg/kg. Une léthargie, une hypothermie, une congestion des poumons, du foie et des reins, ainsi que des nécroses et des hémorragies au niveau des muqueuses gastriques et intestinales sont observées, plus rarement une bradycardie. Les atteintes digestives sont dues à l’alcalinité du produit.
Par voie percutanée, la DL50 est de 580 mg/kg chez le lapin, après application sous pansement occlusif de la substance pure pendant 24 heures. Localement, un oedème, un érythème et une nécrose cutanés sont observés ; une perte de coordination des mouvements est également rapportée. Chez les animaux décédés, un changement d’aspect des reins et du foie et des hémorragies intestinales sont constatés.
Par inhalation, pour une exposition de 4 heures, la CL50 chez le rat est de 5 700 ppm. Les animaux présentent une respiration sifflante, une épistaxis, ainsi qu’une ataxie et des convulsions. À l’autopsie, une congestion des poumons est rapportée. En présence d’une atmosphère saturée en diéthylamine (40 000 ppm soit 120 mg/l), les rats meurent en 1 minute.
Le pouvoir irritant du produit sur les muqueuses des voies respiratoires se traduit chez la souris par une bradypnée, la concentration de diéthylamine qui diminue de 50 % la fréquence respiratoire (RD50) étant de 202 ppm [13].
Irritation, sensibilisation
L’application d’une solution concentrée de diéthylamine, sur la peau de lapin, sous pansement occlusif, est à l’origine d’une nécrose de la peau après seulement 1 min de contact ; avec une solution diluée à 20 %, un érythème apparaît après 5 min et une nécrose en 15 min[5]. La diéthylamine est corrosive pour l’œil : une goutte de liquide pur instillée dans l’œil de lapin entraine des lésions cornéennes extrêmement sévères non réversibles ; l’action du produit est très rapide. Avec une solution à 2 %, une irritation marquée de la cornée et de la conjonctive est encore observée [2, 5].
Un essai de stimulation locale des ganglions lymphatiques (LLNA) a été réalisé pour évaluer le potentiel sensibilisant. Des indices de stimulation supérieurs à 3 (limite pour classer une substance comme sensibilisant cutané) ont été calculés. Toutefois, aucune relation dose réponse n’étant observée, les auteurs de l’étude soulignent le caractère équivoque de la réponse obtenue et ne peuvent conclure sur le potentiel sensibilisant de la diéthylamine [5].
Toxicité subchronique, chronique
Comme pour la toxicité aiguë, les effets observés à la suite d’expositions répétées sont principalement liés aux propriétés irritantes sévères de la substance. Les premiers effets sont localisés au niveau des fosses nasales, avant de s’étendre à tout le tractus respiratoire et d’entraîner l’apparition d’un oedème pulmonaire dans les cas extrêmes.
Des rats et des souris ont été exposés, par voie inhalatoire, à 0-8-16-32-62 ou 125 ppm, 6 heures par jour, pendant 90 jours. À partir de 62 ppm, les animaux présentent des lésions liées au pouvoir irritant de la substance, d’abord localisées au niveau des cavités nasales (inflammation, nécrose des fosses nasales, atrophie de l’épithélium olfactif) et s’étendant progressivement à tout l’appareil respiratoire [5].
À la suite d’expositions de rats des 2 sexes pendant 24 semaines à 250 ppm (6,5 h/j, 5 j/sem), des signes extérieurs d’irritation (larmoiement, éternuements, rougeur du nez) sont observés, associés à des lésions au niveau de la muqueuse nasale (métaplasie malpighienne, rhinite purulente, hyperplasie lymphoïde), ainsi qu’une perte de poids et une augmentation de l’urée sanguine ; aucun effet n’est rapporté à la plus faible dose testée soit 25 ppm [2].
Des concentrations supérieures à 250 ppm peuvent entraîner le développement d’un oedème pulmonaire [2].
Aucune information n’est disponible sur la toxicité par voie orale.
Effets génotoxiques [14]
Les rares données disponibles ne révèlent pas d’eff ets génotoxiques.
In vitro, aucun effet mutagène n’est observé, que ce soit sur des bactéries (test d’Ames) ou sur des cellules de mammifères (test sur cellules de lymphomes de souris), avec et sans activation métabolique.
Chez des souris exposées pendant 3 mois par inhalation (0-8-16-32-62-125 ppm, 6 h/j), la diéthylamine n’augmente pas la fréquence des aberrations chromosomiques dans les érythrocytes de sang périphérique. De même, aucune augmentation de la synthèse non programmée d’ADN n’est observée dans les cellules rénales de rats ayant reçu une dose de 500 mg/kg pc par voie orale [15].
Effets cancérogènes [14]
Les rares données disponibles ne révèlent pas d’effet cancérogène.
Chez des rats, l’exposition par inhalation à des concentrations comprises entre 16 et 62,5 ppm, 5 jours/semaine, pendant 105 semaines, ne met pas en évidence d’effet cancérogène.
Effets sur la reproduction [5]
Très peu de données sont disponibles concernant les effets sur la reproduction de la diéthylamine ; seul un effet sur la motilité spermatique est rapporté.
Chez des rats exposés pendant 90 jours à des concentrations comprises entre 8 et 125 ppm, 6 heures par jour, 5 jours par semaine, une diminution de la motilité spermatique est rapportée dès 32 ppm ; aucun effet n’est observé chez les femelles.
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Toxicité sur l’Homme
Les données sur la diéthylamine sont limitées. La diéthylamine et ses vapeurs peuvent provoquer une irritation et des brûlures chimiques sévères de la peau et des muqueuses respiratoire et oculaire.
Toxicité aiguë [1, 15, 18]
Les amines aliphatiques comme la diéthylamine sont très irritantes pour la peau et les muqueuses oculaire et respiratoire.
L’exposition aux vapeurs ou aérosols d’amines aliphatiques peut entraîner une rhinorrhée, une toux, une dyspnée, un bronchospasme, un oedème pulmonaire. Une étude réalisée chez des volontaires suggère que des symptômes d’irritation nasale et oculaire peuvent apparaître pour une exposition à environ 10 ppm (30 mg/m3) de diéthylamine en moyenne pendant 60 minutes (exposition à une concentration croissante de 0 à 12 ppm) [16].
Des anomalies visuelles (vision floue, halos bleutés), en relation avec un oedème de l’épithélium cornéen, réversibles en quelques heures à quelques jours, sont décrites chez des salariés exposés à des vapeurs d’amines aliphatiques. D’autres troubles oculaires à type de larmoiement, conjonctivite, kératite, opacités cornéennes peuvent être observés lors d’expositions à des vapeurs concentrées d’amines aliphatiques. Des signes généraux (céphalées, nausées, asthénie) peuvent également survenir de manière transitoire.
Le contact cutané avec la diéthylamine sous forme de liquide ou de vapeurs concentrées peut provoquer une irritation et des brûlures cutanées sévères.
Une publication rapporte un cas de sensibilisation à la diéthylamine lié au port de gants en caoutchouc (patchtest à 1 % de diéthylamine dans la vaseline positif) ; deuxparmi les trois autres sujets testés avec des dilutions de 1, 2 et 5 % présentent des résultats douteux [17].
Les projections oculaires peuvent provoquer des lésions sévères, parfois irréversibles.
Toxicité chronique
Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.
Effets génotoxiques
Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.
Effets cancérogènes
Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.
Effets sur la reproduction
Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.
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Interférences métaboliques
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Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal