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Phosphore

Fiche toxicologique n° 100

Sommaire de la fiche

Édition : Août 2018

Recommandations

En raison de la toxicité et de la grande inflammabilité du phosphore blanc, des mesures extrêmement sévères de prévention et de protection s’imposent lors du stockage et de la manipulation de ce produit.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le phosphore blanc dans des locaux frais et bien ventilés, à l’abri des rayons du soleil et de toute source de chaleur ou d’ignition (flammes, étincelles...), à l’écart des produits oxydants et combustibles, à l’abri de l’air, sous une couche d’eau protectrice ou en atmosphère inerte.
  • L’eau ayant tendance à s’acidifier en raison de la très légère solubilité du phosphore (et ce d’autant plus que la température augmente), il est nécessaire de vérifier pério­diquement cette acidité et de la neutraliser s’il y a lieu au moyen de chaux ou de carbonate de sodium.
  • Le sol des locaux formera une cuvette de rétention, afin qu’en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se répandre au-dehors.
  • Les locaux seront construits en matériaux non combus­tibles et séparés de toute autre construction ou instal­lation.
  • Le matériel électrique, y compris l’éclairage, sera conforme à la réglementation en vigueur. Prendre toutes dispositions pour éviter l’accumulation d’électricité statique.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l’étiquetage en cas de fraction­nement des emballages.
  • Prévoir des moyens d’extinction et des appareils de pro­tection respiratoire autonomes pour les interventions d’urgence.
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le phosphore. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par le pro­duit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
  • Manipuler le phosphore blanc sous eau, si possible à l’état fondu (T comprise entre 45 et 65 °C). Effectuer le transfert et les chargements ou déchargements du pro­duit, à l’état fondu, également dans et à l’aide d’eau.
  • N’entreposer dans les locaux que des quantités relati­vement faibles de produit et, de toute manière, ne dépas­sant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter l’inhalation de vapeurs ou de brouillards. Effec­tuer en appareil clos toute opération industrielle qui s’y prête.
    Prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émis­sion ainsi qu’une ventilation générale des locaux.
    Prévoir également des appareils de protection respiratoire autonomes et des combinaisons de protection spéciales, ignifugées (en fibre de verre aluminisée ou en Kevlar®) pour certains travaux de courte durée, à caractère excep­tionnel ou pour des interventions d’urgence.
  • Éviter tout contact du produit avec la peau et les yeux. Manipuler le phosphore solide uniquement avec des pinces, sous eau. Mettre à la disposition du personnel des combinaisons de protection en matériau ignifugé (fibre de verre aluminisée ou Kevlar®), des gants et des bottes fermées en caoutchouc, des lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Prévoir l’installation de douches et de fontaines oculaires.
  • Ne pas fumer, boire et manger dans les ateliers.
  • Observer une hygiène corporelle très stricte : lavage des mains et du visage avant les repas, séparation complète des vêtements de ville et des vêtements de travail, net­toyage fréquent de ces derniers, passage à la douche, lavage soigneux (y compris brossage des dents) et chan­gement de vêtements après le travail.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du phosphore sans prendre les précautions d’usage [18].
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel, recouvrir le produit de matériau absorbant (sable ou terre mouillés...). Laver ensuite à grande eau la surface ayant été souillée. Si le déversement est important, supprimer toute source potentielle d’ignition, aérer la zone, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés, munis d’un équipement de protection approprié. Contenir et enterrer le produit, le recouvrir d’eau ou de sable mouillé. Rabattre les vapeurs à l’aide d’un brouillard d’eau. Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le phosphore.
  • Conserver les déchets, sous une couche d’eau, dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation et dans des installations de traitement des déchets spécialisées.

Au point de vue médical

Suivi médical

  • Eviter d’exposer au phosphore les sujets atteints d’affections hépatiques, rénales ou du système osseux ou présentant des affections dentaires telles que gingivite, pyorrhée, caries, kystes.
  • Lors des visites initiales et périodiques :
    • Examen clinique : Rechercher particulièrement des signes d’atteintes hépatiques, rénales ou osseuses ainsi que des affections dentaires .
    • Examens complémentaires : La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (bilans hépatique et rénal, radiographie, calcémie, phosphorémie..) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

Conduite à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison afin d’évaluer la situation et d’organiser le transfert de la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Retirer les particules de phosphore de la plaie (sous l’eau en utilisant des pinces). Des compresses humides pourront être appliquées sur la zone contaminée pour empêcher l’inflammation des particules de phosphore lors du transfert de la victime vers le lieu de décontamination.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d’ingestion, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Une oxygénothérapie à forte dose peut être utilisée. Penser à se protéger des vomissures du patient qui peuvent être à l’origine de brûlures.
  • En cas d’inhalation massive, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Une surveillance prolongée peut être justifiée. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).  Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Une oxygénothérapie à forte dose peut être utilisée.
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