Démarche de prévention
Les techniques visant à diminuer le radon s’appuient sur deux grands principes :
- limiter la pénétration de radon dans le bâtiment ;
- favoriser l’élimination du radon présent dans le local.
La limitation de la pénétration du radon dans le bâtiment repose sur le traitement du soubassement et sur l’amélioration de l’étanchéité de l’interface entre le bâtiment et son sous-sol. L’élimination repose sur l’augmentation du taux de renouvellement de l’air intérieur.
© Jean-André Deledda pour l’INRS
Voies de pénétration du radon dans un bâtiment : fissures (1), interstices entre les parois (2), passages de canalisations (3) et porosité des parois (4)
Réglementation aération et assainissement
Dans un premier temps, il convient de rappeler qu’il est obligatoire d’assurer le renouvellement de l’air dans les locaux fermés dans lesquels les travailleurs sont appelés à séjourner. Ce renouvellement de l’air peut être réalisé par ventilation mécanique ou par ventilation naturelle permanente.
À noter toutefois que la mise en place d’un système de ventilation mécanique est obligatoire dès lors que le volume par occupant est inférieur à :
- 15 m3 pour les bureaux et les locaux où est accompli un travail physique léger ;
- 24 m3 pour les autres locaux.
Lorsque l'aération est assurée par ventilation mécanique, le Code du travail prévoit un débit minimal d'air neuf à introduire par occupant tel que fixé dans le tableau ci-dessous.
Désignation des locaux |
Débit minimal d’air neuf par |
Bureaux, locaux sans travail physique |
25 |
Locaux de restauration, locaux de vente, locaux de réunion |
30 |
Ateliers et locaux avec travail physique léger |
45 |
Autres ateliers et locaux |
60 |
Selon l’article R. 4222-6 du Code du travail
D’autre part, l’employeur se doit de maintenir l’ensemble de l’installation de ventilation (naturelle ou mécanique) en bon état de fonctionnement et d’en assurer régulièrement le contrôle afin de garantir le maintien de son efficacité.
Le respect de ces dispositions réglementaires est un préalable qui permet de réduire la concentration de radon dans l’air intérieur.
Actions simples de prévention
Si les résultats des mesures sont supérieurs au niveau de référence (300 Bq/m3 en moyenne annuelle), des actions doivent être mises en œuvre au niveau du bâtiment.
Les techniques de réduction de l’activité volumique de radon ont des niveaux de complexité variables et une efficacité qui dépend des caractéristiques du bâtiment, de l’importance de l’activité volumique, des voies d’infiltration du radon et de la qualité de l’exécution des travaux.
Exemples d’actions simples pour diminuer l’activité volumique en radon dans un bâtiment
- Aération régulière des locaux
- Vérification de l'état et de l’efficacité de la ventilation existante (naturelle ou mécanique) et correction des éventuels dysfonctionnements (obturation des orifices d'entrée et de sortie d'air, encrassement, défaillance de ventilateurs…)
- Amélioration de l’étanchéité des voies d’entrée et de transfert simples à colmater (fissures dans les planchers et murs, trappes, passages de canalisation…)
- Amélioration de l’aération naturelle du soubassement
Actions de prévention plus conséquentes
Dans le cas où l’activité volumique de radon est importante ou lorsqu’en dépit de la mise en œuvre d’actions simples elle reste supérieure au niveau de référence, il est nécessaire de mettre en œuvre des actions ciblées et parfois plus conséquentes.
Diagnostic technique du bâtiment
Afin de déterminer les actions à mettre en oeuvre, il est nécessaire d'effectuer un diagnostic technique du bâtiment. L’objectif de ce diagnostic est d’identifier les causes précises du niveau d’activité volumique élevé.
Ce diagnostic peut être réalisé selon les prescriptions de la norme NF X46-040. Il repose sur l’analyse des paramètres et des caractéristiques techniques de l’ouvrage qui influent sur la concentration en radon.
Il prend en compte, notamment, les caractéristiques du soubassement et de l’interface sol/bâtiment (sous-sol, vide sanitaire, terre-plein, mur semi-enterré…) ainsi que les caractéristiques des systèmes de ventilation et de chauffage (analyser l’impact du système de chauffage et des cycles de fonctionnement sur la concentration en radon).
À partir de ces informations, les voies d’entrée et de transfert du radon pourront être identifiées, ce qui permettra de mettre en place des actions ciblées (défauts d’étanchéité ou de ventilation). Une recherche plus fine ou une confirmation des voies d’entrée pourra être faite à l’aide de mesurages spécifiques si nécessaire.
Étanchement de l’interface sol/bâtiment
L’étanchement de l’interface sol/bâtiment consiste à assurer l’étanchéité entre le bâtiment et le terrain sous-jacent ainsi qu’entre les différents niveaux de sous-sol et le rez-de-chaussée. Ces étanchements peuvent se faire de façon ponctuelle (fissures dans les planchers et murs, trappes, portes, gaines techniques, joints de dilatation…) ou par traitement de toute une surface (sols en terre battue, planchers, murs enterrés).
Augmentation du renouvellement d’air
L’augmentation du renouvellement d’air peut se faire par la mise en place d’un système de ventilation mécanique.
L’efficacité dans le temps d’un système de ventilation dépend fortement de sa maintenance. Il est donc recommandé de procéder périodiquement à sa vérification et au nettoyage des filtres et orifices d’entrée/sortie notamment.
Description de trois systèmes de ventilation mécanique (VMC)
Type de VMC |
Principe |
Simple flux par extraction |
Dispositif qui fonctionne à l’aide d’un extracteur qui aspire l’air intérieur et crée ainsi une dépression. L'apport d’air neuf doit se faire grâce à des entrées d'air. À noter que si les entrées d’air sont obstruées ou insuffisamment dimensionnées, le dispositif peut s’avérer inefficace voire entraîner une augmentation de la pénétration de radon liée à son aspiration via les voies d’entrée. |
Simple flux par insufflation |
Dispositif qui fonctionne par insufflation mécanique de l’air et extraction par sorties d’air naturelles. |
Double flux |
Système de ventilation de référence afin de diminuer efficacement la concentration de radon dans l’air intérieur. L’insufflation mécanique permet, tout en renouvelant l’air, de s’opposer à la dépression naturelle et ainsi de limiter l'entrée du radon. |
Traitement du soubassement (vide sanitaire, dallage sur terre-plein, cave)
Le traitement du soubassement permet d’agir à la source et de réduire efficacement l’entrée du radon dans les bâtiments. Il consiste soit à ventiler le soubassement par aération naturelle ou à l’aide d’une ventilation mécanique, soit à le mettre en dépression par rapport aux espaces occupés à l’aide d’un système d’extraction mécanique.
La ventilation naturelle du soubassement peut être réalisée en créant des ouvertures qui devront être orientées préférentiellement vers les vents dominants. À noter que cette technique est fortement dépendante des facteurs climatiques. Pour augmenter l'efficacité de la ventilation et pallier la dépendance aux conditions climatiques, il est possible de mécaniser l'extraction.
La mise en dépression du soubassement consiste quant à elle à générer une pression inférieure à celle régnant au niveau du sol des espaces occupés du bâtiment. Pour cela, l'air du soubassement est extrait mécaniquement vers l'environnement extérieur où le radon se dilue rapidement. Ces systèmes sont appelés systèmes de dépressurisation des sols (SDS).
Bien que l’application d’une seule méthode puisse s’avérer suffisante, il est parfois nécessaire d’en combiner plusieurs pour obtenir des résultats satisfaisants, notamment en cas d’activité volumique élevée.
Prise en compte du risque radon dès la conception des bâtiments
Il est important de prendre en compte le risque lié à l’exposition au radon dès la conception des bâtiments. Les moyens de prévention retenus seront plus efficaces et moins couteux que s’ils doivent être intégrés par la suite.
D’autre part, il est nécessaire de bien dimensionner le système de ventilation en adéquation avec les exigences en matière de qualité de l’air intérieur.
Mesures en direction des travailleurs
Mesures organisationnelles
Dans une situation d’exposition donnée, la dose susceptible d’être reçue est directement proportionnelle à la durée d’exposition. Ainsi, il est important de limiter le temps de présence dans une zone radon par les actions suivantes :
- améliorer l’ergonomie du poste et du circuit de sortie ;
- rationaliser les interventions ;
- préparer toute intervention ;
- optimiser les gestes.
Équipement de protection individuelle
L’exposition au radon provient essentiellement de l’inhalation de ses descendants solides.
Lorsque les mesures de protection collective n’ont pas permis d’atteindre un niveau de protection suffisant, il est possible d’utiliser un appareil de protection des voies respiratoires. Cet appareil doit être équipé d’un filtre de classe P3 (haute efficacité) afin d’assurer une protection efficace.
Compte tenu des contraintes potentielles liées au port d’un appareil de protection des voies respiratoires, il est nécessaire de s’assurer que ce dernier soit adapté au porteur et ne soit pas source de gêne ou d’inconfort. D’autre part, la durée de port doit être limitée dans le temps. En tout état de cause, il est nécessaire de solliciter l’avis du médecin du travail sur la pertinence d’une telle solution, le choix de l’équipement et la durée de port ininterrompue.
Dispositif d’alerte
Dans les lieux de travail spécifiques, dont la liste et les dispositions particulières sont définies par un arrêté du 30 juin 2021, l’employeur équipe d’un dispositif d’alerte le travailleur ou l’équipe de travailleurs dès lors que :
- aucun dispositif de surveillance d’ambiance de l’activité volumique en radon n’est présent ;
- les interventions sont de courte durée ;
- l’évaluation préalable ne permet pas de conclure à l’absence de dépassement du niveau de référence.
Le dispositif d’alerte pour le radon est un appareil électronique de mesure en continu à lecture directe.
Il ne se substitue pas à la surveillance dosimétrique individuelle. Il doit être paramétré, a minima, pour alerter les travailleurs lorsque l’activité volumique en radon atteint ou dépasse 1 000 Bq/m3 en valeur instantanée. Tout travailleur équipé d’un dispositif d’alerte reçoit au préalable une information adaptée sur le risque radon, ainsi que sur l’utilisation du dispositif d’alerte. En cas de déclenchement du dispositif lors de l’entrée du travailleur ou de l’équipe de travailleurs dans un lieu de travail spécifique, les travaux ne sont entrepris qu’après aération ou ventilation de ce dernier. Si l’activité volumique en radon est toujours supérieure à 1 000 Bq/m3, le travailleur ou l’équipe de travailleurs doit bénéficier d’une évaluation individuelle avant d’intervenir.
L’employeur met en place une procédure adaptée dans le cadre des activités nécessitant l’utilisation des dispositifs d’alerte.
À noter que les appareils électroniques de mesure en continu à lecture directe peuvent également être utilisés afin d’évaluer dans un délai court l’efficacité des moyens de réduction mis en œuvre.
Pour en savoir plus
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Article de revue 11/2019 | DC 25
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Vidéo Durée : 44min 45s
Webinaire - Evaluer et prévenir le risque radon en milieu de travail