Ce qu’il faut retenir
Dans la plupart des situations de travail, les salariés peuvent être exposés en même temps à des nuisances multiples. L’approche mononuisance ou monodanger est rarement suffisante pour évaluer les risques professionnels. La prise en compte des polyexpositions permet une évaluation des risques plus réaliste et la mise en place d’actions de prévention plus efficaces. Voici quelques clés pour mieux comprendre et mieux prévenir les polyexpositions.
Rares sont les situations de travail où les salariés ne sont exposés qu’à un seul type de danger. Dans la majorité des activités, les salariés sont confrontés à une polyexposition professionnelle dont les effets ne sont pas toujours connus. Ces effets peuvent être indépendants les uns des autres ou bien interagir entre eux. Dans certains cas, il est même possible qu’ils se renforcent les uns les autres et que les effets de la polyexposition soient supérieurs à la somme des effets inhérents à chacune des expositions. Il peut aussi exister le cas contraire. Néanmoins, au niveau actuel de connaissances, il existe encore certaines inconnues quant à la manière dont la polyexposition agit sur la santé.
Généralement, des mesures de prévention existent pour diminuer les risques liés à l’exposition à un seul facteur, mais leur pertinence et leur priorisation pourraient être modulées par la connaissance des effets combinés des polyexpositions sur la santé des travailleurs. Mieux connaître et évaluer les effets de ces polyexpositions permettrait d’identifier de nouvelles situations de travail potentiellement dangereuses pour lesquelles la mise en place de mesures de prévention supplémentaires serait nécessaire.
Définition des polyexpositions au poste de travail
On peut définir les polyexpositions comme des expositions simultanées ou séquentielles à des nuisances multiples, par des voies qui peuvent être diverses. Ces nuisances peuvent être chimiques, biologiques, physiques (bruit, vibrations, rayonnement…) ou liées à l’activité physique, auxquelles s’ajoutent l’influence des facteurs organisationnels et psychosociaux, et ce tout au long de la carrière professionnelle.
Il existe de nombreuses combinaisons possibles de facteurs de risques en milieu professionnel. L’INRS étudie prioritairement cinq grands types de polyexposition dont les mécanismes sont susceptibles d’interagir pour impacter la santé des salariés coexposés :
- les expositions à des mélanges de substances chimiques ;
- les expositions à des substances chimiques et au bruit ;
- les expositions à des substances chimiques et biologiques ;
- les expositions à des substances chimiques et à des contraintes physiques ;
- les expositions à des substances chimiques alors que les salariés travaillent de nuit ou plus largement en horaires atypiques.
Par ailleurs, pour d’autres combinaisons de facteurs de risques, comme le rôle des risques psychosociaux sur l’apparition de troubles musculosquelettiques, l’approche polyexposition est déjà intégrée dans les démarches de prévention.