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2-Éthoxyéthanol

Fiche toxicologique n° 58

Sommaire de la fiche

Édition : Mise à jour 2014

Recommandations

En raison de la toxicité du 2-éthoxyéthanol, des mesures très sévères de protection collective, ou à défaut indivi­duelle, s'imposent lors de la manipulation de cette substance. Chaque fois que l'usage et le procédé le per­mettent, il est recommandé d'utiliser un autre produit moins dangereux, après une étude comparative approfon­die des risques encourus.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le 2-éthoxyéthanol dans des locaux frais et bien ventilés. Tenir à l'écart de la chaleur, des surfaces chaudes et de toute source d'ignition (étincelles, flammes nues, rayons solaires) et ne pas fumer. Tenir à l'écart des pro­duits oxydants, des bases et des acides forts.
    Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et for­mera cuvette de rétention, afin qu'en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se répandre au-dehors.
  • Le matériel électrique sera conforme à la réglementation en vigueur, notamment par rapport au risque d'explosion et aux atmosphères potentiellement explosives [28].
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de fraction­nement des emballages.
  • Prendre toutes dispositions pour éviter l'accumulation d'électricité statique.
 
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le 2-éthoxyéthanol. En outre :

  • Instruire le personnel des dangers présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident. Une information spécifique devra être organisée en liaison avec le médecin du travail sur les risques potentiels du 2-éthoxyéthanol sur la fonc­tion de reproduction.
  • Éviter toute surchauffe brutale ; ne pas distiller à sec.
  • Entreposer dans les ateliers des quantités de produit relativement faibles et de toute manière ne dépassant pas celles nécessaires au travail d'une journée.
  • Prévenir toute inhalation de vapeurs. Effectuer en appa­reil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d'émission ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certaines opérations exceptionnelles de courte durée. Leur choix dépend des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre de type A. Pour des interventions d'urgence, le port d'un appareil respira­toire autonome isolant est nécessaire.
  • Contrôler régulièrement la teneur de l'atmosphère en 2-éthoxyéthanol.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle: vêtements de travail, gants imperméables (par exemple caoutchouc butyle, néoprène, Barrier®, 4H® ; les matières telles que le caoutchouc naturel, le polychlorure de vinyle, le polyalcool vinylique et le Viton® ne sont pas recommandées [26, 27]) et des lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Ne pas fumer, boire ou manger dans les ateliers. Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail. L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
  • Prévoir des douches et fontaines oculaires.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du 2-éthoxyéthanol sans prendre les précautions d'usage [29].
  • Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le 2-éthoxyéthanol.
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel, récupérer immédiatement le produit après l'avoir recouvert de matériau absorbant inerte (sable, terre). Laver ensuite à grande eau la surface ayant été souillée.
    Si le déversement est important, supprimer toute source potentielle d'ignition, aérer la zone, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection approprié.
  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto­risées par la réglementation (incinération contrôlée, par exemple).

Au point de vue médical

  • La visite d'embauchage comportera un interrogatoire et un examen clinique soigneux dont les données pour­ront être complétées par un hémogramme avec numéra­tion des plaquettes, une créatininémie et la recherche d'une protéinurie ou d'une hématurie avec une bande­lette réactive.
  • Du fait des risques possibles pour la reproduction, on avertira les personnes qui doivent manipuler du 2-éthoxyéthanol des effets sur la fertilité ; on recherchera systéma­tiquement des difficultés de conception. Les femmes désirant procréer doivent être prévenues d'un risque éven­tuel. Les femmes enceintes ne doivent pas être exposées au 2-éthoxyéthanol.
  • On évitera d'exposer au 2-éthoxyéthanol les personnes atteintes de dermatose étendue ou d'une atteinte rénale chronique.
  • Au cours des visites périodiques, dont la fréquence sera déterminée par le médecin du travail en fonction de l'im­portance de l'exposition, les examens cliniques et paracli­niques de l'embauche seront répétés. Les organes génitaux externes du personnel masculin devront être examinés ; l'interrogatoire recherchera particulièrement une stérilité conjugale.
  • Surveillance biologique [22] : le dosage de l'acide 2-éthoxyacétique urinaire en fin de poste de travail et fin de semaine est à privilégier ; il reflète l'exposition de la semaine. Ce paramètre, respon­sable des effets toxiques, est sensible et spécifique. La cor­rélation entre la concentration urinaire d'acide 2-éthoxyacétique et l'intensité de l'exposition au 2- éthoxyéthanol est bonne sauf en cas de pénétration cuta­née du produit.

    Dans la population générale non professionnellement exposée, des taux d'acide 2-éthoxyacétique urinaire infé­rieurs à 0,17 mg/g de créatinine (95ième percentile) sont retrouvés.

    Pour la population professionnellement exposée, l'ACGIH a fixé un BEI pour l'acide 2-éthoxyacétique urinaire en fin de poste et fin de semaine de travail à 100 mg/g de créa­tinine, basé principalement sur une relation avec la valeur limite moyenne (TLV-8h) de 5 ppm et les finlandais (FIOH) ont établi une valeur BAL (biological action level) pour l'a­cide 2-éthoxyacétique urinaire en fin de poste et fin de semaine à 20 mmol/mol de créatinine (soit 18 mg/g de créatinine).

  • Lors d'accidents aigus, demander dans tous les cas l'avis d'un médecin ou du centre antipoison régional ou des ser­vices de secours médicalisés d'urgence.
  • En cas de contact cutané, laver la peau à grande eau, immédiatement et pendant 15 minutes au moins ; retirer en même temps les vêtements souillés ou suspectés de l'être, qui ne seront réutilisés qu'après avoir été déconta­minés. Consulter un médecin s'il apparaît des lésions cutanées.
  • En cas de projection oculaire, laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant 15 minutes au moins, paupières bien écartées. S'il persiste une douleur ou une rougeur oculaire, consulter un ophtalmologiste.
  • En cas d'ingestion, quelles que soient la symptomatolo­gie et la dose absorbée, faire immédiatement transférer la victime en milieu hospitalier.
  • En cas d'inhalation massive, retirer le sujet de la zone polluée après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants et faire transférer la victime dans les plus brefs délais en milieu hospitalier.
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