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Méthanol

Fiche toxicologique n° 5

Sommaire de la fiche

Édition : Février 2018

Recommandations

En raison de l’inflammabilité et de la toxicité du méthanol, des mesures sévères de prévention et de protection s’imposent lors de son stockage et de son utilisation.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le méthanol à l’air libre ou dans des locaux spéciaux, frais, munis d’une ventilation, à l’abri de toute source d’ignition ou de chaleur (rayons solaires, flammes, étincelles…) et à l’écart des produits oxydants. Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et formera cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se répandre au dehors.
  • Le matériel électrique, y compris l’éclairage, sera conforme à la réglementation en vigueur.
  • Prévenir toute accumulation d’électricité statique.
  • Il sera interdit de fumer.
  • Les récipients seront soigneusement fermés et étiquetés. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement des emballages.
Manipulation

Les prescriptions relatives aux locaux de stockage sont applicables aux locaux où est manipulé le méthanol. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
  • Éviter l’inhalation de vapeurs. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s’y prête. Prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel, ou pour des interventions d’urgence. Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre de type AX.
  • Procéder à des contrôles fréquents et réguliers de l’atmosphère et s’assurer du respect des valeurs limites d’exposition réglementaires (VLEP contraignantes).
  • Éviter le contact du produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des vêtements de protection, des gants (par exemple en caoutchouc butyle, polychloroprène; les matières telles que caoutchouc naturel, caoutchouc nitrile, PVC ne sont pas recommandées [30]) et des lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après usage.
  • Prévoir des douches de sécurité et des fontaines oculaires dans les ateliers où le produit est manipulé de façon constante.
  • Ne pas fumer, boire et manger dans les ateliers.
  • Entreposer dans les locaux de travail des quantités relativement faibles de produit et, de toute manière, ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Interdire l’emploi d’air comprimé pour effectuer le transvasement ou la circulation du produit.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du méthanol sans prendre les précautions d’usage [32].
  • Éviter les rejets atmosphériques et aqueux pollués par le méthanol.
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant non combustible, puis laver à grande eau la surface ayant été souillée. Si le déversement est important, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d’un équipement de protection.
  • Conserver les déchets imprégnés de solvant dans des récipients clos, spécialement prévus à cet effet. Le méthanol peut être régénéré ou détruit par incinération. Dans tous les cas, traiter les déchets dans les conditions autorisées par la réglementation (traitement dans l’entreprise ou dans un centre spécialisé).

Au point de vue médical

Suivi médical :

  • Lors des visites initiales et périodiques
    • Examen clinique : Rechercher particulièrement des signes d’atteintes neurologiques et oculaires, cutanées ou respiratoires chroniques.
    • Examens complémentaires : L’examen clinique initial pourra être complété par un bilan hépatique qui servira d’examen de référence. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (bilans hépatique et/ou ophtalmologique) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Fertilité / Femmes enceintes et/ou allaitantes

On exposera le moins possible au méthanol les femmes désireuses de débuter une grossesse ainsi que les femmes enceintes ou allaitantes en raison de signaux d’alerte pour la fertilité et pour le développement.
Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits
Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
Informer les salarié(e)s exposés des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.
Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

  • Surveillance biologique

Le dosage du méthanol urinaire en fin de poste (et/ou fin de semaine) de travail est le paramètre à privilégier pour apprécier l’exposition au méthanol ; il reflète l'exposition du jour même mais aussi un bon indicateur de l'imprégnation de l'organisme.
Le méthanol urinaire peut être retrouvé dans les urines de la population générale non professionnellement exposée.
Le BEI (Biological Exposure Indice) de l'ACGIH a été fixé pour le méthanol urinaire à 15 mg/L en fin de poste [27].

Conduite à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais.
    Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes.
    Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
  • En cas d'ingestion, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements.
  • En cas d'inhalation massive, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.  Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos  Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
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