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Benzène

Fiche toxicologique n° 49

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2024

Recommandations

En raison de la toxicité du benzène et, notamment, de ses propriétés cancérogènes, des mesures strictes de préven­tion s'imposent et des exigences particulières sont à res­pecter lors de son stockage et de sa manipulation.

Au préalable, l'employeur doit étudier la possibilité de remplacer le benzène par une autre substance moins dan­gereuse pour la santé des travailleurs. Lorsque la substitu­tion est techniquement impossible, il prendra les mesures nécessaires pour éviter ou, à défaut, réduire le plus possi­ble l'exposition au benzène.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinets d’incendie armés…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [36].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville.
  • En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Ne pas utiliser d’air ou d’oxygène comprimé pour effectuer le transvasement ou la circulation du produit.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs et d'aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur[37].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au benzène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de benzène.
  • Faire contrôler annuellement l’exposition atmosphérique des salariés au benzène par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de la substance « benzène » doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [38].
  • Equiper les locaux de détecteurs de fuite et de système d’alarme.
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant le benzène doivent faire l’objet d’un permis de feu [39].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [40].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du benzène sans prendre les précautions d’usage [41].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [42, 43]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux[44 à 47].

  • Appareils de protection respiratoire : leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type A lors de la manipulation de la substance [48].
  • Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les élastomères fluorés Viton® et Viton®/Caoutchouc butyle, les matériaux multicouches AlphaTec® 02-100, Kemblok® et Silver Shield® (PE/EVAL/PE)Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoucs naturel, butyle, nitrile et néoprène ainsi que le poly(chlorure de vinyle) [49, 50].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [51].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [52].

 

Stockage

  • Stocker le benzène dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes et de toute autre source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
  • Le stockage du benzène s'effectue habituellement dans des récipients en inox ou acier inoxydable. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage, des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer le benzène des produits combustibles, inflammables ou comburants. Si possible, le stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le benzène.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte [53]. Laver à grande eau la surface ayant été souillée.
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [54].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents de pathologies  hématologiques, des troubles digestifs, des symptômes évocateurs d’une atteinte neurologique centrale (céphalées, syndromes ébrieux, psycho-organique …), ainsi que des signes d’irritation de la peau ou des muqueuses oculaires.
    • L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’une NFS qui servira d’examen de référence.
    • La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (NFS …) seront déterminés par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
    • Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de benzène.
  • Surveillance biologique de l'exposition professionnelle [16]
    • L’acide S-phénylmercapturique (SPMA) ou le benzène urinaires en fin d’exposition ou fin de poste de travail sont les indicateurs biologiques à privilégier pour la surveillance biologique de l’exposition au benzène.
    • Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour ces deux indicateurs.
  • Fertilité, femmes enceintes et allaitantes
    • Il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition accidentelle, maternelle ou paternelle.
    • Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.
    • L'exposition à cette substance des femmes enceintes et allaitantes est réglementairement interdite. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
    • Informer les salariées exposées des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.
    • Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.
  • Surveillance post-exposition et post-professionnelle :
    En l’absence de recommandations de bonne pratique concernant la surveillance post-exposition ou post-professionnelle des travailleurs ayant été exposés à cette substance, le médecin considèrera le profil toxicologique de la substance, en particulier sa cancérogénicité hématologique, les scénarios d’exposition, l’état de santé et l’âge des travailleurs concernés.

 

Conduite à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation, appeler rapidement un centre anti poison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs.
    Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.
  • En cas d'ingestion, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais.
    Même si la victime est consciente, ne jamais faire boire, ne jamais tenter de provoquer des vomissements. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).

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