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Hydroxyde de sodium et solutions aqueuses

Fiche toxicologique n° 20

Sommaire de la fiche

Édition : Avril 2021

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [2]

    Aucune biodisponibilité systé­mique n'est attendue dans des conditions normales de manutention et d'utilisation.

    Chez l'animal

    Au contact de la peau humaine, à des concentrations non irritantes, le faible passage transcutané des ions Na+ et OH- rend l'absorption de l'hydroxyde de sodium très diffi­cile. Dans ces conditions, le passage d'ions OH- ne peut changer le pH du sang et les ions Na+, réussissant à péné­trer dans l'organisme, représentent une quantité négli­geable par rapport à celle provenant du sel ingéré via la nourriture. C'est pourquoi aucune biodisponibilité systé­mique n'est attendue dans des conditions normales de manutention et d'utilisation.

    Les effets toxicologiques rapportés sont liés aux proprié­tés corrosives ou irritantes selon la concentration de l'hy­droxyde de sodium.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [2, 20]

    L’hydroxyde de sodium et ses solutions aqueuses sont caus­tiques pour la peau ou toute muqueuse avec laquelle ils entrent en contact. La gravité des lésions dépend de la quantité appliquée, de la concentration de la solution et du temps de contact. Chez l’animal, une solution de soude à 5% est corrosive pour la peau ; au niveau oculaire, les concentrations corrosives sont de l’ordre de 1,2 à 2 %.

    L'exposition à des aérosols d'hydroxyde de sodium est responsable d'une irritation intense, puis de lésions caus­tiques des muqueuses oculaires et des voies respiratoires. Des rats Wistar, exposés à des aérosols d'hydroxyde de sodium pendant 2 heures (diamètre moyen 0,8 µm ; concentration 750 µg/L), présentent une laryngite aiguë après 1 heure d'exposition, persistant à 24 heures.

    En cas de contact cutané, brûlures, ulcérations profondes et décès ont été observés chez la souris ; toutefois, aucune mortalité ou brûlure n'est rapportée si la zone d'adminis­tration est immédiatement lavée. En effet, des souris ont été exposées à de la soude diluée à 50 %, au maximum 2 heures, avec différents temps de rinçage de la zone tes­tée (immédiat, après 30 minutes, 1 heure, 2 heures ou aucun). Les taux de mortalité suivants ont été observés : 0, 20 %, 40 %, 80 % et 71 %, respectivement. Cette étude met aussi en évidence le caractère retardé des brûlures chi­miques, avec des symptômes pouvant apparaître plu­sieurs heures après l'exposition [20].

    Par voie orale, les études disponibles sont anciennes et ne suivent pas les protocoles des lignes directrices. Toutefois, elles montrent toutes des atteintes de la muqueuse gas­trique des animaux exposés, plus ou moins importantes en fonction de la dose administrée. Ainsi, des rats exposés à de la soude 0,2 N (soit 0,8 %) présentent une nécrose d'au moins 2/3 de la muqueuse gastrique ; pour une concentration de 2 %, toute la muqueuse est atteinte et des métaplasies intestinales se développent. De même, une destruction de la couche superficielle de la région squameuse de la muqueuse et une thrombose des vais­seaux sont observées chez le chat exposé à une solution aqueuse à 8,3 % d'hydroxyde de sodium. L'activité érosive au niveau de l'estomac a été évaluée chez le rat, avec un score d'érosion maximal de 100 %. L'exposition à des solu­tions aqueuses de 0,4, 0,5 et 0,62 % conduit à des scores d'érosion de 10, 65 et 70 %, respectivement.

    Une DL50 de 325 mg/kg pc (100 % NaOH) a été détermi­née chez le lapin [21]. L'administration orale d'hydroxyde de sodium produit des lésions caustiques du tube digestif (ulcération, hémorragie, perforation) ; chez les survivants, l'évolution vers la sténose des lésions du tractus digestif supérieur est le risque majeur à terme.

     

    Irritation, sensibilisation [2, 23 à 26]

    Les effets observés au niveau cutané varient en fonction de la dose appliquée. Des porcelets sevrés ont été exposés à des solutions aqueuses de soude 2 N (8 %), 4 N (16 %) et 6 N (24 %), appliquées sur la peau de la partie inférieure de l'abdomen [22]. Des cloques sont apparues dans les 15 minutes suivant l'application. Une sévère nécrose de l'en­semble des couches de l'épiderme a été observée chez les animaux exposés aux solutions de soude à 8 et 16 %. À la plus forte dose, les cloques sont plus profondes et attei­gnent l'hypoderme.

    Chez le lapin, l'exposition à des solutions d'hydroxyde de sodium de l'ordre de 1 % (pansements occlusifs, 24 heures) est à l'origine d'érythème non réversible en 8 jours et d'œdème réversible en 72 heures : l'indice d'irritation moyen déterminé est de 2, 7 traduisant un caractère irri­tant modéré [23, 24]. Une solution à 5 % entraîne quant à elle l'apparition d'érythème sévère non réversible, de nécroses et d'escarres, mettant en évidence les propriétés caustiques de la soude [27].

    De même au niveau oculaire, plusieurs études réalisées sur le lapin rapportent des effets dont l'intensité varie selon les concentrations de la solution. Jusqu'à 0,3 %, ces solutions ne sont pas irritantes et n'induisent aucun effet[29]. Les solutions avec des concentrations de l'ordre de 0,4 à 1 % provoquent une irritation modérée (conjoncti­vite, iritis) ; au-delà, des atteintes de la cornée et des nécroses sont observées [25, 27, 28].

    Des lésions oculaires sévères sont toujours observées en cas de contact prolongé avec une solution dont le pH est supérieur ou égal à 11,5.

    Pour la sensibilisation, aucune donnée n'est disponible chez l'animal.

    Toxicité subchronique, chronique [6, 30]

    Suite à un contact répété avec l’hydroxyde de sodium ou ses solutions aqueuses, des lésions sont observées au niveau cutané et respiratoire, liées aux propriétés caus­tiques de ces solutions.

    Dix rates ont été exposées à des aérosols d'une solution aqueuse à 40 % d'hydroxyde de sodium, pendant 30 minutes, 2 fois par semaine. Les concentrations atmosphériques ne sont pas précisées ; 80 % des particu­les constituant les aérosols avaient un diamètre inférieur à 1 µm ; l'expérimentation qui devait durer 2,5 mois a été arrêtée après 3 semaines parce qu'elle était très mal tolé­rée. Les animaux ont été sacrifiés 10 jours plus tard. Des ulcérations bronchiques, des bouchons mucocellulaires intraluminaux, des foyers d'emphysème ont été observés à l'autopsie. Trois des animaux avaient des tumeurs pul­monaires qui ne sont pas décrites.

    Un contact cutané, répété ou prolongé, peut être à l'ori­gine de dermite.

    Effets génotoxiques [2]

    L’hydroxyde de sodium et ses solutions aqueuses ne sont pas génotoxiques.

    In vitro, l'hydroxyde de sodium, en concentration infé­rieure à 0,003 nM (non cytotoxique) n'est pas mutagène pour les souches TA 1535, TA 1538, TA 98 et TA 100 de Sal­monella typhimurium. Il n'induit pas de synthèse de l'ADN chez Escherichia coli. Aucune activité clastogène n'est mise en évidence dans un test d'aberration chromosomique réalisé sur cellules ovariennes de hamster (CHO cells), exposées à des solutions d'hydroxyde de sodium de 0, 4, 8 et 16 mM [31].

    In vivo, aucune étude de génotoxicité valide n'est dispo­nible.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée chez l'animal n'est disponible à la date de publication de la fiche.

    Effets sur la reproduction [20]

    Aucune donnée chez l'animal n'est disponible à la date de publication de la fiche.

  • Toxicité sur l’Homme

    L’hydroxyde de sodium et ses solutions aqueuses sont caus­tiques et peuvent provoquer, en cas d’exposition à une concentration suffisante, des brûlures chimiques de la peau, des yeux et des muqueuses respiratoire et digestive. Les effets d’une exposition chronique sont également de type irritatif.

    Toxicité aiguë [1, 5, 32-35]

    En milieu professionnel, les principales voies d'exposition sont les voies respiratoire et cutanée.

    La contamination cutanée ou oculaire entraîne locale­ment des brûlures chimiques dont la gravité est fonction de la concentration de la solution, de l'importance de la contamination et de la durée du contact. Selon la profon­deur de l'atteinte cutanée, on peut observer un érythème chaud et douloureux, la présence de phlyctènes ou une nécrose. L'évolution peut se compliquer de surinfection, de séquelles esthétiques ou fonctionnelles. Un cas de décès dû à une exposition cutanée accidentelle massive à une solution d'hydroxyde de sodium concentrée chauffée à 95 °C a été rapporté chez un ouvrier d'une usine d'alumi­nium [36].

    Au niveau oculaire, la symptomatologie associe une dou­leur immédiate, un larmoiement et une hyperhémie conjonctivale. Des lésions séquellaires sont possibles : adhérences conjonctivales, opacités cornéennes, cata­racte, glaucome, voire cécité.

    L'exposition par inhalation à des vapeurs ou des aérosols d'hydroxyde de sodium provoque immédiatement des signes d'irritation des voies respiratoires : rhinorrhé, éter­nuements, sensation de brûlure nasale et pharyngée, toux, dyspnée, douleur thoracique. Des cas de sensation d'irritation nasale, pharyngée et oculaire ont été décrits pour des expositions à l’hydroxyde de sodium inférieures à la valeur limite de 2 mg/m3 (de 0,2 à 2 mg/m3),  sans précisions concernant d’éventuelles co-expositions. Toutefois, ces données sont insuffisantes pour établir une relation dose-effet. La survenue d’un œdème laryngé ou d’un bronchospasme peut d'emblée engager le pronostic vital. À l'arrêt de l'exposition, la symptomatologie régresse le plus souvent, mais un œdème pulmonaire lésionnel peut survenir de façon retardée, jusqu'à 48 heures après l'expo­sition. Secondairement, la surinfection bactérienne est la complication la plus fréquente. L'hypersécrétion bron­chique et la desquamation de la muqueuse bronchique en cas de brûlure étendue sont responsables d'obstructions tronculaires et d'atélectasies. À terme, des séquelles respi­ratoires sont possibles : asthme induit par les irritants (en particulier, syndrome de dysfonctionnement réactif des voies aériennes ou syndrome de Brooks), sténoses bron­chiques, bronchectasies, fibrose pulmonaire.

    L'ingestion d'une solution concentrée d'hydroxyde de sodium est suivie de douleurs buccales, rétrosternales et épigastriques associées à une hypersialorrhée et des vomissements fréquemment sanglants. L'examen de la cavité bucco-pharyngée et la fibroscopie œsogastroduodénale permettent de faire le bilan des lésions caustiques du tractus digestif supérieur. Le bilan biologique révèle une acidose métabolique et une élévation des enzymes tissulaires, témoins de la nécrose tissulaire, une hyperleucocytose et une hémolyse ainsi qu'une hypernatrémie. Des complications peuvent survenir à court terme : perfo­ration œsophagienne ou gastrique, hémorragie digestive, fistulisation (fistule œsotrachéale ou aorto-œsophagienne), détresse respiratoire (révélant un œdème laryngé, une destruction du carrefour aérodigestif, une pneumopathie d'inhalation ou une fistule œsotrachéale), état de choc (hémorragique, septique...), coagulation intravasculaire disséminée (évoquant une nécrose étendue ou une perforation). L'évolution à long terme est dominée par le risque de constitution de sténoses digestives, en particulier œsophagiennes ; il existe égale­ment un risque de cancérisation des lésions cicatricielles du tractus digestif.

    Toxicité chronique [37-39]

    L'exposition cutanée chronique peut être responsable de dermatite.

    Dans une étude transversale conduite chez 2404 employés de 3 raffineries d'alumine [38] dont plus de 40 % sont exposés à des brouillards d'hydroxyde de sodium, l'exposition élevée (estimée supérieure à 1 mg/m3, sur la base des niveaux d'exposition les plus élevés dans les tâches cou­rantes effectuées au poste tenu au moment de l'étude) est associée à une augmentation des symptômes de siffle­ments et de rhinites liés au travail, sans retentissement sur la fonction pulmonaire. Les auteurs notent que les pics d'exposition constatés dans les raffineries étudiées restent inférieurs à 2 mg/m3.

    Un cas de pathologie obstructive sévère des voies respira­toires a été rapporté chez un ouvrier de 63 ans employé, pendant 20 ans, au nettoyage de cuves avec une solution d'hydroxyde de sodium portée à ébullition dans un local mal ventilé ; il présentait depuis plusieurs années une sensation de constriction thoracique, une toux et une irri­tation oculaire au moment du nettoyage [39]. Les auteurs attribuent cette atteinte respiratoire à l'exposition répétée aux brouillards d'hydroxyde de sodium, probablement à des niveaux élevés pouvant induire une réaction bron­chique inflammatoire, puis une augmentation irréversible de la résistance des voies aériennes

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée chez l'Homme n'est disponible à la date de publication de la fiche.

    Effets cancérogènes [40]

    Dans une ancienne étude de mortalité réalisée chez 291 employés de deux sites de production d'hydroxyde de sodium (exposition estimée à 0,5 mg/m3 et 0,5 - 2 mg/m3 selon le site), le nombre de décès par néoplasies malignes était inférieur à celui de la population américaine mascu­line de type caucasien sauf pour les cancers des organes digestifs : 7 cancers observés [estomac (2), foie (1), rectum (1), colon (1), cancer gastro-intestinal généralisé (2)] pour 4,3 attendus (SMR de 163, intervalle de confiance non mentionné dans la publication). Il n'y avait pas de relation observée avec la durée ou l'intensité de l'exposition pour ce groupe de pathologies.

    Effets sur la reproduction

    Pas de donnée. L'hydroxyde de sodium ne présente pas de toxicité systémique et des effets sur la reproduction ne semblent pas plausibles dans des conditions normales d'utilisation.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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