Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [13, 14, 19]
L'isopropylamine semble bien absorbée par voies respiratoire et orale mais il n'existe pas de donnée sur l'importance de cette absorption. Elle est rapidement éliminée, inchangée dans les urines.
Chez l'animal
L’isopropylamine n’est pas un constituant normal des urines de mammifères.
L’expérience animale démontre que l’isopropylamine est absorbée facilement à partir du tractus gastro-intestinal ou du tractus respiratoire comme par voie percutanée. Après administration intraveineuse, la demi-vie du produit dans le plasma est de l’ordre de 2,5 heures.
Une expérimentation chez le rat a montré qu’après administration, par voie intraveineuse ou intrapéritonéale, le produit est excrété sous forme inchangée dans les urines.
Le métabolisme de l’isopropylamine n’a pas été étudié chez l’homme. Il est possible qu’intervienne, au moins en partie, une désamination enzymatique par les monoamine-oxydases ou les diamine-oxydases qui sont largement répandues dans les tissus (particulièrement dans le foie, les reins et l’intestin) et qui jouent un rôle important dans la détoxication des amines. L’ammoniac libéré lors de cette désamination serait alors normalement transformé en urée.
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Mode d'actions
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Toxicité expérimentale
Toxicité aiguë [13-17]
Les effets aigus sont liés au caractère basique de la substance qui produit une irritation importante des muqueuses respiratoire et digestive ainsi que de la peau. Les atteintes oculaires peuvent être sévères.
La DL50 par voie orale chez le rat est de 820 mg/kg. Chez la souris, le cobaye et le lapin, elle est comprise entre 2200 et 3200 mg/kg. Par voie percutanée, la DL50 chez le lapin est comprise entre 380 et 550 mg/kg.
Par inhalation, pour une exposition de 4 heures, la CL50 chez le rat est de 4000 ppm; pour une exposition de 40 minutes, la concentration létale la plus basse chez la souris est de 7000 ppm.
Les symptômes observés aux doses létales sont essentiellement dus à l’alcalinité du produit se traduisant par une irritation intense :
- du tractus gastro-intestinal dans le cas de l’administration orale (vomissements, diarrhées hémorragiques, foyers nécrotiques au niveau des muqueuses gastriques et intestinales);
- du tractus respiratoire (rhinorrhée, dyspnée, trachéite, bronchite, pneumonie et éventuellement œdème pulmonaire) et des yeux (larmoiement, conjonctivite, œdème et opacité de la cornée) dans le cas de l’inhalation.
Le pouvoir irritant du produit sur les muqueuses des voies respiratoires se traduit chez la souris par une bradypnée : la concentration qui diminue de 50 % la fréquence respiratoire est de 157 ppm (éthylamine : 151 ppm)[17].
L’absence d’étude approfondie sur le produit ne permet pas de dire si sont associés à ces signes irritatifs des effets semblables à ceux qui ont été rapportés pour la série des éthylamines : effets systémiques (excitation motrice puis apathie, convulsions, paralysies...) et modifications anatomo-pathologiques (pulmonaires, hépatiques, rénales...).
L’application locale de 0,01 ml du liquide pur sur la peau du lapin, maintenue pendant 24 heures sous pansement occlusif, détermine une irritation sévère (nécrose cutanée importante).
L’isopropylamine est particulièrement irritante pour l’œil : une goutte du liquide pur instillée dans l’œil du lapin entraîne des lésions cornéennes extrêmement sévères (lésions de grade 10 sur 10) ; l’action du produit est très rapide. Avec une solution à 1 %, on a encore des lésions cornéennes très sévères (lésions de grade supérieur à 5).
Toxicité subchronique, chronique
On ne dispose pas d'étude de toxicité chronique pour cette substance.
Effets génotoxiques [14]
Elle n'induit pas d'effet mutagène sur bactérie.
L’isopropylamine n’induit pas de mutation ponctuelle sur Salmonella typhimurium dans les conditions du test d’Ames ; l’addition de nitrite n’augmente pas la fréquence des mutations.
Effets cancérogènes
On ne dispose pas d'étude de cancérogénicité sur cette substance.
Effets sur la reproduction
On ne dispose pas d'étude de toxicité sur la reproduction pour cette substance.
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Toxicité sur l’Homme
L'isopropylamine est irritante pour les voies respiratoires. Le contact avec la peau provoque des brûlures et ceux avec les muqueuses digestives ou les yeux sont à l'origine de très graves lésions irritatives. L'exposition répétée entraine des dermatoses d'irritation ; aucun autre effet n'est rapporté.
Toxicité aiguë [13-15]
L’exposition aux vapeurs d’isopropylamine se traduit essentiellement chez l’homme par une forte irritation du nez et de la gorge et par des troubles respiratoires qui peuvent intéresser tout le système bronchopulmonaire, provoquant des bronchites de gravité variable. L’irritation du nez et de la gorge se manifeste dès la concentration de 10 ppm, même pour des expositions brèves. À forte concentration ou dans le cas d’expositions prolongées, peuvent survenir un œdème pulmonaire et une perte de connaissance.
Après un séjour de 8 heures dans une atmosphère non immédiatement irritante (concentration en produit inférieure à 10 ppm), des travailleurs se sont plaints de troubles visuels (perception de halos autour des points lumineux) dus probablement à un œdème cornéen modéré. Ces troubles sont éphémères, ils disparaissent en 3 à 4 heures après la fin de l’exposition.
L’ingestion accidentelle de produit entraîne des nausées, une hypersalivation et une irritation sévère du tractus digestif.
Localement, sur la peau, l’isopropylamine liquide ou ses solutions concentrées peuvent provoquer des brûlures dont la gravité dépend de la concentration des solutions et du temps de contact (érythème peu étendu et sans séquelle, dermatose vésiculaire, œdème dermique avec phlyctènes et plages nécrotiques ou bien ulcération avec cicatrisation hypertrophique de type chéloïde).
Les projections oculaires sont redoutables car elles entraînent des lésions sévères qui peuvent être irréversibles. Selon l’importance et la durée du contact, les brûlures cornéennes peuvent aller d’une lésion superficielle avec œdème (dépoli épithélial) sans séquelle grave à des lésions profondes laissant une ulcération très lente à cicatriser et une perte totale de sensibilité.
Toxicité chronique [4, 13]
L’exposition répétée à des solutions diluées d’isopropylamine ou à ses vapeurs peut entraîner des dermatoses. Ces atteintes sont essentiellement dues à l’alcalinité du produit. L’intervention d’un mécanisme allergique semblerait rare. L’isopropylamine pourrait également être à l’origine de manifestations respiratoires asthmatiformes.
Aucun autre effet systémique à long terme n’a été rapporté.
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Interférences métaboliques
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Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal