Données épidémiologiques Guide de lecture
Population générale
Pathogène nosocomial à risque épidémique, première cause des diarrhées infectieuses acquises en milieu de soins. L’incidence des infections à Clostridioides difficile (ICD) est estimée à 3,6 cas pour 10 000 journées d’hospitalisation en 2016 et reste inférieure à la moyenne européenne (6). C. difficile représente 2,3 % des microorganismes identifiés dans les infections associées aux soins lors de l’enquête nationale de prévalence 2022, ce qui en fait le 10ème agent responsable d’infections nosocomiales en France (Santé Publique France). À l’inverse, C. difficile est le premier agent infectieux nosocomial hospitalier aux États-Unis, ce qui rend compte du potentiel épidémique de cette bactérie. D’importantes modifications de l'épidémiologie des ICD à l'échelle mondiale avaient été rapportées au début des années 2000 en raison de l'émergence en Amérique du Nord d'un clone particulièrement hypervirulent (PCR-ribotype 027) qui avait ensuite diffusé en Europe y compris en France : augmentation de l'incidence et de la sévérité, moins bonne réponse au traitement, épidémies de grande ampleur. En 2024, ce ribotype 027 représente désormais moins de 5 % des souches reçues par le CNR en France. D’autres ribotypes hypervirulents sont actuellement surveillés.
Si les ICD étaient réputées d'origine nosocomiale dans plus de 70 % des cas, la répartition ville/hôpital évolue. Bien que sous-diagnostiqué (7), le nombre de cas en milieu communautaire a progressivement augmenté, si bien qu’actuellement, les formes communautaires d’ICD sont aussi nombreuses que les ICD nosocomiales.L’incidence des ICD diagnostiquées en ville est estimé en 2019 à 34 infections/million d’habitants (1) . C. difficile est la première cause de diarrhée infectieuse post-antibiotique, quand celle-ci n’est pas fonctionnelle. On constate également que le nombre d'infections chez des populations sans facteur de risque classique augmente, avec notamment des cas chez des patients n’ayant pas bénéficié d’une antibiothérapie.
Portage asymptomatique très fréquent chez l'enfant de moins de 3 ans (30-80 %), alors qu’il est inférieur à 3 % chez l'adulte non hospitalisé.
Milieu professionnel
Des cas d'infections ont été rapportés chez le personnel soignant (8). Ces infections se manifestaient par des diarrhées et survenaient majoritairement chez des personnels infirmiers sous antibiotique par voie orale (clindamycine, amoxicilline), en bonne santé par ailleurs. Un cas sévère de colite pseudo-membraneuse a été rapporté chez une jeune infirmière, 10 jours après antibiothérapie orale par clindamycine pour une infection dentaire. La transmission d'une ICD chez 3 infirmières ne prenant pas d'antibiotiques a également été décrite. Cependant, une étude a montré que le principal facteur de risque chez le personnel soignant pour développer une ICD était la prise d’antibiotiques (9).
Le portage de C. difficile chez des professionnels soignants hospitaliers ne semble pas différer de la population générale en dehors de toute situation épidémique (10).
En laboratoire
Deux cas décrits, chez des personnes en bonne santé : une technicienne de laboratoire et une étudiante en doctorat dans un laboratoire de recherche. Les deux travaillaient sur des souches 027, sur paillasse sans PSM (11).