Revue par les experts de l'INRS (2022).
Repérage du caractère perturbateur endocrinien sur les listes de l'ANSES et/ou ED Lists et/ou DEDuCT (2023).
Généralités
Identification
-
N° CAS
106-89-8 -
Synonymes
- 1-Chloro-2,3-époxypropane
- Chlorométhyloxirane
Fiches associées dans les autres bases de données
-
FicheTox
Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)
-
Nature
réglementaire contraignante -
VLEP-8h
- 1,9 mg/m³
-
Mentions
Peau (2021)
Classifications
-
Mentions de danger CLP
- H226
- H301
- H311
- H314
- H317
- H331
- H350
-
Pertubateur endocrinien
Avéré ou présuméSubstance présente sur les listes : ANSES II et DEDuCT III.
-
Catégories
- C1B
-
DFG
- Cancérogène : -
- Reprotoxique : -
- Mutagène : -
Toxicocinétique et métabolites
Eléments de toxicocinétique
Après inhalation et administration orale, plus de 90 % d'épichlorhydrine ont été rapidement absorbés et distribués dans l'organisme des rats en 2 à 4 heures. Les concentrations tissulaires les plus élevées ont été mesurées dans les reins, l'intestin, le foie, les glandes lacrymales, le pancréas et la rate (après administration d'épichlorhydrine radiomarquée).
A différentes doses et avec différents types d'administration d'épichlorhydrine marquée au 14C, 90 % de la radioactivité a été excrétée en 72 heures : 46 à 54 % dans les urines, 25 à 40 % par les poumons et au maximum 4 % par les fèces.
(MAK 2003)
Métabolites
Après réaction initiale avec le glutathion, l'épichlorhydrine est métabolisée au niveau de l'un des deux sites réactifs, conduisant à la formation de métabolites détectés dans les urines : dérivés de l'acide mercapturique N-acétyl-S-(3-chloro-2-hydroxypropyl)-L-cystéine, S-(2,3-dihydroxypropyl)-L-cystéine et N-acétyl-S-(2,3-dihydroxypropyl)-L-cystéine. De plus, un autre 3-chloro-1,2-propanediol excrétable s'est formé par hydrolyse.
La N-acétyl-S-(3-chloro-2-hydroxypropyl)-L-cystéine (36 % de la dose) et le 3-chloro-1,2-propanediol (4 %) sont considérés comme les principaux métabolites.
L'épichlorhydrine elle-même est un époxyde réactif et est métabolisée par liaison au glutathion et par hydratation via l'époxyde hydrolase. Le même adduit à l'hémoglobine a été détecté chez l'homme et le rat.
(MAK 2003, CIRC 1999)
Classes toxicologiques associées
Effets toxiques
Classe toxicologique | Effet toxique | Conditions expérimentales |
---|---|---|
Sensibilisants | Sensibilisation de la peau - dermatite de contact | CLP H317
MAK (2003) Test de maximisation sur 15 cobayes (+ 20 animaux dans le groupe témoin) Inductions intradermique et cutanée, réalisées avec 5 % d'épichlorhydrine dans de l'éthanol, et 1 % d'épichlorhydrine dans de l'éthanol, utilisés pour la provocation cutanée.
Une réaction positive a été observée chez 9 des 15 animaux. |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Autres cancers | CLP H350, CIRC 2A
CIRC (1999) L'épichlorhydrine a été testée chez le rat par administration orale, provoquant des papillomes et des carcinomes du préestomac, et par inhalation, provoquant des papillomes et des carcinomes de la cavité nasale. Elle a également été testée chez la souris par application cutanée et par injections sous-cutanée et intrapéritonéale : ont été observés des sarcomes locaux après injection sous-cutanée et des tumeurs pulmonaires par injection intrapéritonéale. Des résultats négatifs ont été rapportés suite à une application en continue sur la peau de souris, mais un potentiel initiateur sur la peau a été mis en évidence. |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Effets mutagènes | CIRC 1999 Salariés exposés de 0,5 à 5 mg/m3 Aberrations chromosomiques dans les lymphocytes
Conclusions CIRC : l'épichlorhydrine induit des dommages génétiques dans la plupart des tests bactériens et mammifères in vitro ou in vivo, la présence d'un système d'activation métabolique n'étant pas nécessaire. |
Atteintes des voies respiratoires inférieures | Autres atteintes des voies respiratoires inférieures | CLP H331
EPA (2010, citant Quast et al 1979, non publiée) 20 mâles et 20 femelles souris B6C3F1, rats Fischer 344 et Sprague-Dawley 6 h/j, 5 j/sem, pendant 90 jours 0, 5, 25 ou 50 ppm d'épichlorohydrine
Souris : des réactions inflammatoires dans la région trachéobronchiolaire et pulmonaire, qui pourraient être liées au traitement, ont été observées chez quelques animaux des groupes exposés à de fortes concentrations. Rats : inflammation région pulmonaire aussi observée chez la plupart des témoins et des rats exposés / impossible de conclure selon EPA
ACGIH (1997, citant Laskin et al. 1980) Rats, 6 h/j pendant 30 jours,100 ppm, observation ensuite jusqu'à leur mort Groupe additionnel de rats, 6 h/j, 5 j/sem pendant toute leur vie à 10 et 30 ppm
100 pp m : augmentation de l'inflammation, de la suppuration et de la destruction des cornets nasaux notée en plus de l'inflammation du larynx et de la trachée. Les troubles pulmonaires étaient principalement un œdème, une congestion et une pneumonie. 10 et 30 ppm : augmentation des effets respiratoires, notamment congestion pulmonaire, pneumonie et bronchiolectasie |
Atteintes des voies respiratoires supérieures | Irritation des voies respiratoires supérieures | Luo et al. 2003 167 salariés (synthèse de résines), réponse à un questionnaire + test des fonctions respiratoires
L’exposition chronique à l’épichlorhydrine a été associée à la prévalence de symptômes d’irritation des voies respiratoires [Luo 2003] et à des anomalies de certains paramètres de la fonction respiratoire (Débit Expiratoire Maximal Médian), pour des expositions moyennes de 1,1 ppm [intervalle : 0.2–5.9 ppm] |
Atteintes des voies respiratoires supérieures | Autres atteintes des voies respiratoires supérieures | ACGIH (1997, citant Quast et al 1979) 20 mâles et 20 femelles souris B6C3F1, rats Fischer 344 et Sprague-Dawley 6 h/j, 5 j/sem, pendant 90 jours 0, 5, 25 ou 50 ppm d'épichlorohydrine
Effets principalement à 25 et 50 ppm : chez les rats et souris, mâles et femelles, changements inflammatoires et dégénératifs dans les cornets nasaux, notamment une rhinite, des érosions focales, une hyperplasie et une métaplasie avec un aspect squameux. Les cornets nasaux des rats exposés à 5 ppm ne pouvaient pas être distingués des témoins. |
Atteintes rénales et de l'appareil urinaire | Autres atteintes de l’appareil urinaire | ACGIH (1997, citant Quast et al 1979) 20 mâles et 20 femelles souris B6C3F1, rats Fischer 344 et Sprague-Dawley 6 h/j, 5 j/sem, pendant 90 jours 0, 5, 25 ou 50 ppm d'épichlorohydrine
50 ppm : lésions dégénératives tubulaires, modérées à sévères, chez le rat Pour les deux souches de rats (à l'exception des mâles Sprague-Dawley tués à 3 mois) : augmentations significatives du poids relatif des reins par rapport aux témoins. Une légère augmentation des effets rénaux (p. ex. tubules dilatés, aspect gonflé) a également été observée chez les femelles exposées à 50 ppm.
Laskin et al 1980 Rats, 6 h/j pendant 30 jours,100 ppm, observation ensuite jusqu'à leur mort Groupe additionnel de rats, 6 h/j, 5 j/sem pendant toute leur vie à 10 et 30 ppm
Atteintes rénales chez 14-37 et 65 % des animaux Sévérité similaire entre le groupe 100 ppm et 30 ppm, lésions dégénératives tubulaires, avec dilatation ; présence de goutelettes hyalines ; atrophie rénale et vacuolisation graisseuse ; occasionnellement, atrophie des glomérules |
Bibliographie
Epichlorohydrin. 1997. In: TLVs and BEIs with 9th edition documentation. Cincinnati : ACGIH, 2021.
Epichlorohydrin. Environmental Protection Agency (US EPA), 2010.
Epichlorohydrin. IARC Monographs on the Evaluation of the Carcinogenic Risk of Chemicals to Humans. Volume 71, 1999.
Epichlorohydrin - MAK Documentation, 2003.
John JA et al. – Inhalation toxicity of epichlorhydrin: Effects on fertility in rats and rabbits. Toxicol Appl Pharmacol. 1983 ; 68 : 415-423.
Laskin S et al. – Inhalation carcinogenicity of epichlorhydrin in noninbred Sprague-Dawley rats. J Natl Cancer Inst. 1980 ; 65 : 751-757.
Luo JC et al. - Pulmonary Function Abnormality and Respiratory Tract Irritation Symptoms in Epichlorohydrin-Exposed Workers in Taiwan. Am J Ind Med. 2003 ; 43 : 440-446.