Substance revue par les experts de l'INRS, 2022.
Généralités
Identification
-
N° CAS
107-06-2 -
Synonymes
- Dichlorure d'éthylène
- 1,2-Ethylene dichloride
- 1,2-DCE
Fiches associées dans les autres bases de données
-
FicheTox
Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)
-
Nature
réglementaire contraignante -
VLEP-8h
- 8,2 mg/m³
- 2 ppm
-
Mentions
Peau (2021)
Classifications
-
Mentions de danger CLP
- H225
- H302
- H315
- H319
- H335
- H350
-
Catégories
- C1B
-
DFG
- Cancérogène : -
Toxicocinétique et métabolites
Eléments de toxicocinétique
Absorption : Le 1,2-DCE est rapidement absorbé, aussi bien après inhalation qu'après administration orale (plateau atteint après une ou deux heures, par inhalation). Après application cutanée occlusive chez le rat, une absorption percutanée rapide a été observée.
Distribution : Le 1,2-DCE est rapidement distribué dans tous les organes, via la circulation sanguine. Les concentrations les plus élevées sont retrouvées dans le tissu adipeux suivi du foie et des poumons. Le 1,2-DCE traverse facilement la barrière placentaire.
Métabolisme : Chez le rat, la métabolisation est rapide (demi-vie sanguine de 20 à 30 minutes chez les rats mâles après inhalation ou administration orale), selon deux mécanismes. Le premier représente la voie principale de métabolisation impliquant une oxydation microsomale saturable dans laquelle interviennent les cytochromes P450 2E1 et 2B1, qui conduit à la formation du chloroacétaldéhyde et du 2-chloroéthanol ; ces réactions sont suivies d'une conjugaison avec le glutathion.
Le deuxième mécanisme est impliqué lorsque la première voie de métabolisation est saturée (taux sanguins de 1,2-DCE de 5 à 10 mg/mL, ce qui correspond à des expositions par inhalation de 150 ppm chez le rat). Il consiste en une conjugaison directe avec le glutathion pour former du S-2-chloroéthyl-glutathion, qui peut être converti par une voie non enzymatique en un ion épisulfonium de glutathion pouvant former des adduits avec des protéines et l’ADN (au niveau du foie ou des reins).
Excrétion : La vitesse d'élimination après administration orale (gavage) ou inhalation est rapide : le 1,2-DCE n'est plus détecté dans le sang quelques heures après exposition orale ou par inhalation et seules de petites quantités sont détectées dans les tissus (foie, rein, poumon, rate, préestomac, estomac et carcasse) 48 h après l'exposition.
L’élimination du 1,2-DCE non métabolisé se fait par l’air expiré. L’excrétion des métabolites se fait par voie urinaire (acide thiodiacétique et sulfure d’acide thiodiacétique principalement).
(SCOEL, 2016 ; ANSES, 2017)
Métabolites
2-Chloroacétaldéhyde (107-20-0)
2-Chloroéthanol (107-07-3)
S-carboxyméthylcystéine (638-23-3)
Acide thiodiacétique(ou thiodiglycolique) (123-93-3)
Acide monochloroacétique (79-11-8)
Classes toxicologiques associées
Effets toxiques
Classe toxicologique | Effet toxique | Conditions expérimentales |
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Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Autres cancers | CLP H350, CIRC 2B
Nagano et al 2006 Rats et souris exposés 6 h/j, 5 j/sem pendant 104 semaines à 0, 10, 40 et 160 ppm pour les rats (F344) et à 0, 10, 30 et 90 ppm pour les souris (BDF1)
Tumeurs pulmonaires chez les souris femelles et, chez les males, des hémangiosarcomes du foie. Chez les rats, les incidences des adénomes, fibroadénomes et adénocarcinomes de la glande mammaire étaient significativement augmentées non seulement par rapport au groupe non exposé, mais également par rapport aux témoins historiques + fibromes des tissus sous-cutanés chez le rat mâle. |
Atteintes du système nerveux central | Dépression du système nerveux central | Hotchkiss et al 2010 Rats F344, exposés à 0 - 50 - 200 - 600 - 2000 ppm de 1,2-DCE, pendant 4 heures, ou à 0 - 50 - 100 - 150 ppm pendant 8 heures.
Des effets neurocomportementaux compatibles avec une dépression du système nerveux central (SNC) étaient présents à des concentrations > 200 ppm et étaient limités au jour 1. Il n'y avait pas de changements neuropathologiques dans le SNC, cependant, une régénération épithéliale olfactive 15 jours après l'exposition à 200 ppm a été observée. NOAEC pour la neurotoxicité comportementale chez le rat : 200 ppm de 1,2-dichloroéthane pendant 4 h. |
Atteintes des voies respiratoires supérieures | Autres atteintes des voies respiratoires supérieures | Hotchkiss et al 2010 Rats F344, exposés à 0 - 50 - 200 - 600 - 2000 ppm de 1,2-DCE, pendant 4 heures, ou à 0 - 50 - 100 - 150 ppm pendant 8 heures.
100 ppm : dégénérescence/nécrose épithéliale olfactive |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer du sein | ANSES 2017 (citant Maltoni et al 1980) Rats femelles, exposées à 0, 5, 10, 50 et 250 ppm pendant 7 h/j, 5 j/sem et 78 semaines puis observés pendant plusieurs semaines supplémentaires.
Augmentation significative de l'incidence cumulée des tumeurs mammaires bénignes et malignes, pour toutes les concentrations. |
Bibliographie
Elaboration de VTR cancérogène par voie inhalée pour le 1,2-dichloroéthane. Rapport d'expertise collective. ANSES, 2017.
Hotchkiss et al. - Acute toxicologic and neurotoxic effects of inhaled 1,2-dichloroethane in adult Fischer 344 rats. Food Chem Toxicol. 2010 ; 48 : 470-481.
Nagano et al. - Carcinogenicity and chronic toxicity in rats and mice exposed by inhalation to 1,2-dichloroethane for two years. J Occup Health. 2006 ; 48(6) :424-436.
SCOEL/REC/302 - 1,2-Dichloroethane, 2016.