Hydrazine

Classification CLP H314

SCOEL REC 164 (2017)

Lapin - Dans l'étude de pénétration cutanée de Keller et al. (1984) jusqu'à 12 minutes d'application d'hydrazine anhydre (95 %) ou d'hydrazine à 70 % en solution aqueuse a entraîné de graves brûlures chimiques avec nécrose transdermique avec divers degrés de nécrose dermique. Aucune lésion n'a été observée avec des solutions à 15 ou 2%. Des résultats similaires ont été observés dans une étude cutanée chez le chien par Smith et Clark (1972). Le dossier d'enregistrement REACH (www.echa.europa.eu) décrit en outre une étude industrielle avec 55 % d'hydrazine montrant un effet corrosif chez le lapin.

Des lésions cutanées causées par un contact direct avec l'hydrazine ont souvent été décrites. Les rapports d'affections cutanées inflammatoires chez les personnes impliquées dans la production d'hydrazine ou de ses dérivés sont particulièrement fréquents.

Classification CLP H314

Haun et Kinkead 1973 (cité dans SCOEL) et Vernot et al 1985 

Une irritation minimale des yeux a été notée chez les singes au cours des premières semaines d'exposition par inhalation à 1 ppm d'hydrazine (Haun et Kinkead, 1973). 

Cet effet n'a pas été observé chez les singes exposés à 0,2 ppm d'hydrazine, ni chez les souris exposées par intermittence à 1 ppm d'hydrazine pendant 1 an (Haun & Kinkead, 1973, Vernot et al., 1985).

Classification CLP H317

SCOEL REC 164 (2017)

Une publication rapporte environ 150 notifications d'eczéma de contact allergique aux hydrazines entre 1959 et 1983 (Pevny et Peter 1983). A noter la très faible concentration de 0,08 mmol/l de sulfate d'hydrazine dans la vaseline qui était suffisante pour provoquer une sensibilisation chez l'homme dans les patch tests (Lepoittevin et al. 1995) et l'étendue de l'eczéma provoqué par la volatilité des substances. Il est souligné dans certaines études qu'après sensibilisation, la simple contamination des ustensiles par l'hydrazine et l'hydrazine dans l'air ambiant (Brandt 1960, Wheeler et al. 1965, Wrangsjö et Martensson 1986) est suffisante pour déclencher l'eczéma.

Classifications CLP 350 et CIRC 2A

Vernot et al. 1985

- Rats mâles et femelles, 0 - 0,05 - 0,25 - 1 ou 5 ppm, 6 h/jour, 5 j/sem pendant 1 an puis détenus pendant 18 mois supplémentaires. 

  Souris femelles C57BL/6, 0 - 0,05 - 0,25 ou 1 ppm pendant 6 h/jour, 5 j/sem, pendant 1 an puis détenues pendant 15 mois supplémentaires. 

  Hamsters mâles, 0 - 0,25 - 1 ou 5 ppm, 6 h/jour, 5 j/sem pendant 1 an puis détenus pendant 12 mois supplémentaires. 

- Chez le rat, une augmentation significative de l'incidence des polypes adénomateux [adénome] du nez a été signalée chez les mâles exposés aux deux doses les plus élevées et chez les femelles à la dose la plus élevée.

Une augmentation de l'incidence des adénomes pulmonaires a été signalée chez les souris à la dose la plus élevée.

Chez les hamsters, une augmentation significative de l'incidence des polypes adénomateux [adénome] du nez + il a produit des tumeurs du foie et des adénomes de la thyroïde suite à une exposition orale ou par inhalation.

CIRC (2018)

Les associations entre cancer et exposition à l'hydrazine ont été étudiées chez des travailleurs testant des moteurs de fusée dans un laboratoire de terrain en Californie, aux États-Unis.

Il y avait une augmentation notable de l'incidence du cancer du poumon dans l'étude de Ritz et al. (2006) dans le groupe avec une exposition élevée et un décalage de 20 ans (RR, 2,49).

Ritz et al. (1999 et 2006)

- Ritz et al. (1999) : étude de cohorte rétrospective auprès de 6107 travailleurs de l'aérospatiale pour examiner si l'exposition à des produits chimiques (principalement des carburants à base d'hydrazine) pendant le ravitaillement et les essais des moteurs-fusées affectait la mortalité par cancer. 

Le même groupe (Ritz et al. 2006) a étendu cette étude de mortalité dans un suivi de 1994 à 2001 et a étudié l'incidence du cancer pour la période 1988-2000 en utilisant les données du registre de population.

Ritz et al 1999 : Le rapport de taux estimé de mortalité par cancer du poumon, en comparant les travailleurs exposés aux travailleurs non exposés du même établissement, variait de 1,68 (intervalle de confiance à 95 %, 1,12 à 2,52) à 2,10 (intervalle de confiance à 95 %, 1,36 à 3,25), selon le seuil de durée d'emploi (6 ou 24 mois) et le temps de latence (0 à 15 ans).

Ritz et al 2006 : Les expositions à l'hydrazine étaient positivement associées à l'incidence du cancer du poumon (rapport de taux estimé pour une exposition élevée par rapport à une exposition faible avec un décalage de 20 ans = 2,5 ; intervalle de confiance à 95 % = 1,3-4,9) et avec l'incidence du cancer colorectal (2,2 ; 1,0-4,6). Des associations dose-réponse ont été observées pour les deux critères de jugement. Les estimations des effets pour les cancers du pancréas, du système sanguin et lymphatique et des reins étaient fondées uniquement sur de petits nombres. Les auteurs ont conclu que l'ensemble des données suggérait que l'exposition à l'hydrazine augmentait le risque de cancers pulmonaires incidents. Ils ont également souligné la possibilité d'induction du cancer du côlon par l'hydrazine.

Haun et Kinkead 1973 (cité dans SCOEL)

- Souris, chiens et singes exposés en continu à 0,2-1 ppm d'hydrazine pendant 6 mois.

- Des modifications graisseuses ont été observées dans le foie. Le foie des singes exposés présentait une accumulation de graisse légère à modérée. Cependant, cela a également été observé, dans une certaine mesure, chez les animaux témoins. Les foies des rats étaient normaux.

Des modifications de la graisse du foie ont été observées chez les souris à toutes les expositions et chez les chiens aux 2 niveaux d'exposition les plus élevés.

Les effets hépatotoxiques étaient notablement plus sévères chez la souris que chez le chien ou le singe et étaient responsables de l'augmentation de la mortalité observée chez cette espèce. 

Vernot et al 1985

-Rats mâles et femelles, 0 - 0,05 - 0,25 - 1 ou 5 ppm, 6 h/jour, 5 j/sem pendant 1 an puis détenus pendant 18 mois supplémentaires. 

Souris femelles C57BL/6, 0 - 0,05 - 0,25 ou 1 ppm pendant 6 h/jour, 5 j/sem, pendant 1 an puis détenues pendant 15 mois supplémentaires. 

Hamsters mâles, 0 - 0,25 - 1 ou 5 ppm, 6 h/jour, 5 j/sem pendant 1 an puis détenus pendant 12 mois supplémentaires. 

Chiens  mâles et femelles, 0 - 0,25 - 1 ppm, 6 h/jour, 5 j/sem pendant 1 an puis détenus pendant 38 mois supplémentaires. 

- Atteintes hépatiques : anomalies cellulaires, augmentation du taux de transaminases sériques, prolifération des voies biliaires, hémosidérose et amylose sont observées chez les rats, les chiens et les hamsters exposés, à partir de 0,25 ppm