Susbtance revue par les experts de l'INRS, 2021.
Généralités
Identification
-
N° CAS
75-35-4 -
Synonymes
- Chlorure de vinylidène
- 1,1-DCE
- 1,1-dichloroéthène
Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)
-
Nature
réglementaire contraignante -
VLEP-8h
- 8 mg/m³
- 2 ppm
-
VLEP-15mn
- 20 mg/m³
- 5 ppm
Classifications
-
Mentions de danger CLP
- H224
- H332
- H351
-
Catégories
- C2
-
CIRC
2B -
ACGIH
- A4
-
DFG
- Cancérogène : 3B
- Reprotoxique : C
Toxicocinétique et métabolites
Eléments de toxicocinétique
CIRC (2019)
Absorption
Humain : Aucune donnée n'est disponible. Des expériences in vitro sur l'absorption sur la peau humaine ont révélé qu'il peut potentiellement être bien absorbé par voie cutanée (REACH).
Rongeur : Le chlorure de vinylidène est bien absorbé par les poumons et le tractus gastro-intestinal. L'absorption systémique d'une série de concentrations de vapeur chez les rats atteignait 80 %. Des expositions équivalentes aux vapeurs devraient entraîner des doses systémiques de COV plus élevées chez les rongeurs que chez l'homme en raison du taux de ventilation alvéolaire, du coefficient de partage sang/air, du débit cardiaque et du taux métabolique plus élevés chez les rongeurs.
Métabolisation
Il peut être métabolisé par un système d'oxydases à fonctions mixtes (principalement CYP2E1). Le mécanisme de biotransformation est saturable. Chez le rat, la saturation du métabolisme est atteinte à une exposition de 794 à 1191 mg/m³ (200 à 300 ppm).
Distribution et excrétion
Homme : Aucune donnée n'était disponible
Rongeur - Une distribution préférentielle vers le foie, les reins et les poumons a été observée chez les rats après inhalation de chlorure de vinylidène à 10 ou 200 ppm.
Le chlorure de vinylidène est rapidement éliminé chez le rat. Putcha et al. (1986) ont rapporté que la demi-vie du chlorure de vinylidène chez le rat pouvait atteindre 60 minutes.
La clairance métabolique est la principale responsable de l'élimination systémique. La saturation métabolique s'est manifestée à une dose orale de 50 mg/kg p.c. par l'expiration de dioxyde de carbone, des métabolites urinaires, et par une augmentation de l'expiration de chlorure de vinylidène.L'excrétion du 1,1-dichloroéthène se fait par l'expiration (sous forme de 1,1-dichloroéthène inchangé ou de CO2), par les fèces ou par l'urine.
Chez le rat, l’élimination urinaire est biphasique : t½ = 3 h et 20 h.
Il ne ne présente aucun potentiel de bioaccumulation.
Métabolites
Homme - Le cytochrome CY2E1 est l'enzyme prédominante responsable de l'oxydation du chlorure de vinylidène dans le foie, les poumons et les reins. La formation d'époxyde de chlorure de vinylidène et de 2,2-dichloroacétaldéhyde a été démontrée dans les microsomes des poumons et du foie humains.
Le poumon humain présente des niveaux faibles et variables d'activité du CYP2E1. L'activité de CYP2E1 était faible ou non détectable dans les échantillons microsomaux de reins humains.
Rongeur - Le chlorure de vinylidène est métabolisé par le CYP2E1 chez les rongeurs en métabolites réactifs, dont l'époxyde de chlorure de vinylidène, le chlorure de 2-chloroacétyle et le 2,2-dichloroacétaldéhyde.
Des niveaux relativement élevés de CYP2E1 sont présents dans trois organes cibles principaux du chlorure de vinylidène chez les rongeurs : le foie, les reins et les poumons. L'époxyde, un intermédiaire électrophile, est un important métabolite cytotoxique du chlorure de vinylidène ; il se lie de manière covalente aux protéines et aux acides nucléiques, et peut endommager les hépatocytes et les cellules tubulaires rénales.
Effets toxiques
Classe toxicologique | Effet toxique | Conditions expérimentales |
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Atteintes des voies respiratoires supérieures | Irritation des voies respiratoires supérieures | NTP (2015) - Souris : pendant 14 semaines, 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm chez les femelles uniquement.
L'incidence de la métaplasie squameuse de l'épithélium respiratoire au niveau du larynx a augmenté de manière significative chez les mâles à 50 ppm. Chez les souris femelles exposées à 100 ppm, les lésions du larynx consistaient en une nécrose, une hyperplasie et une métaplasie squameuse de l'épithélium respiratoire ; une augmentation de l'incidence de nécrose de l'épithélium respiratoire nasal et de l'atrophie des cornets est aussi rapportée. |
Atteintes des voies respiratoires supérieures | Autres atteintes des voies respiratoires supérieures | - Rats : 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm pendant 14 semaines
Des lésions de l'épithélium nasal ont été observées chez les mâles et femelles, leur sévérité augmentant avec la concentration : atrophie de l'épithélium olfactif, minéralisation, nécrose et atrophie des cornets nasaux. |
Atteintes hépatiques | Autres atteintes hépatiques | NTP (2015) - Étude de 14 semaines chez la souris (6h/j, 5j/s) par inhalation à des concentrations de 0, 6,25, 12,5, 25, 50 (ou 100 ppm femelles uniquement).
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Atteintes rénales et de l'appareil urinaire | Atteintes rénales | NTP (2015) - Étude de 14 semaines chez la souris (6h/j, 5j/s) par inhalation à des concentrations de 0, 6,25, 12,5, 25, 50 (ou 100 ppm femelles uniquement).
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Atteintes des voies respiratoires inférieures | Autres atteintes des voies respiratoires inférieures | NTP (2015) - Souris : pendant 14 semaines, 6 h/j, 5 j/sem à des vapeurs de chlorure de vinylidène, 0 - 6,25 - 12,5 - 25 ou 50 et 100 ppm chez les femelles uniquement. Chez les femelles uniquement à 100 ppm, augmentation de l'incidence de nécrose de l'épithélium bronchique et inflammation avec présence d'histiocytes en abondance
Chez les mâles uniquement, augmentation de l'incidence d'une hyperplasie de l'épithélium alvéolaire, dont la sévérité augmente avec la concentration. |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer des poumons | CIRC (2019) Le chlorure de vinylidène s'est révélé cancérogène à de nombreux endroits chez les animaux de laboratoire, notamment le foie (hépatocytes et cellules endothéliales), le rein (cellule du tubule rénal), le poumon, la glande mammaire, le mésothélium, le système hématopoïétique et la thyroïde.
NTP (2015) Des souris ont été exposées 105 semaines (6 h/j, 5 j/s) par inhalation au chlorure de vinylidène à des concentrations de 0 (témoin), 6,25, 12,5 ou 25 ppm.
L'incidence du carcinome bronchiolo-alvéolaire a augmenté de manière significative chez les femelles exposées à des concentrations moyennes, avec une tendance positive significative. Chez les femelles exposées à des doses élevées, il a également été signalé que l'incidence du carcinome de l'intestin grêle (iléon) (3/50, 6 %) dépassait les fourchettes de contrôle historiques pour les études d'inhalation et toutes les voies d'administration. |
Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer des reins | NTP (2015)
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Effets cancérogènes et/ou mutagènes | Cancer du foie | NTP (2015)
Foie - l'incidence des hémangiosarcomes du foie chez les femelles exposées à la concentration élevée a été significativement augmentée. Les incidences d'adénome hépatocellulaire chez les femelles exposées à des concentrations moyennes, de carcinome hépatocellulaire chez les femelles exposées à des concentrations élevées, et d'adénome ou de carcinome hépatocellulaire (combiné) chez les femelles exposées à des concentrations moyennes et élevées sont significativement plus importantes que celles des groupes de contrôle. |
Bibliographie
Vinylidene chloride - Monographie CIRC 119, 2019.
Dossier d'enregistrement REACH, 2021.
Vinylidene chloride - NTP technical report on the toxicology and carcinogenesis studies TR 582. NTP, 2015.
Putcha et al. - Toxicokinetics and bioavailability of oral and intravenous 1,1-Dichloroethylene. Fund Appl Toxicol. 1986 ; 6 : 240-250.