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Infection à Burkholderia pseudomallei

Burkholderia pseudomallei ou bacille de Whitmore

Sommaire de la fiche

Édition : janvier 2021

Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture

Définition d'un sujet exposé

Personne exposée à des aérosols ou par contact cutanéo-muqueux à une source hydro-tellurique susceptible d’être contaminée par B. pseudomallei ou à des produits biologiques d’animaux ou d’humains infectés ou suspectés de l’être.

Circonstances de découverte

  • En laboratoire d’analyse biomédicale : identification a posteriori de Burkolderia pseudomallei, alors que les cultures ont été manipulées sans confinement adéquat (L3, PSM) ou ont conduit à un incident de laboratoire (déversement, bris de centrifugeuse…) ;
  • en laboratoire de recherche : la souche manipulée est connue, donc les mesures de protection des travailleurs sont mises en place mais un incident se produit ;
  • en service clinique : soignant ayant manipulé du pus ou des urines contaminés ;
  • enquête autour d’un cas de mélioïdose : exposition à une source environnementale (éventuellement aux Antilles ou dans le cadre d’une ONG lors d’un tsunami par exemple) : les sources environnementales n’étant pas connues, recherche de sujets co-exposés dans les mêmes circonstances que le cas index.
Principales professions concernées
  • En zone d’endémie (tropicale) : activités professionnelles en milieu humide : rizières, contact avec eaux stagnantes, tonte de pelouse, puits enterrés ;
  • Guide de randonnées, trekking ;
  • Missions en pays d’endémie : secours lors de catastrophes type inondations, tsunami.

Autres pays dont la France : essentiellement professionnels de laboratoires de recherche ou d’analyse médicale (techniciens de laboratoire, biologistes ou chercheurs).

Conduite à tenir immédiate

  • Les mesures génériques sur les incidents de laboratoire sont adaptées : conduite à tenir devant un AES, devant un déversement, devant un bris de centrifugeuse (13) ;
  • Consultation pour évaluer le risque selon le type d’exposition et les facteurs de risques du sujet.

Évaluation du risque

Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition

Sols argileux, boues, eaux stagnantes des mares et des rizières, eau des puits enterrés voire eau du robinet pour certaines zones géographiques (Thaïlande).

En France, risque d’exposition du travailleur le plus probable : produits biologiques issus d’animaux de recherche ou de sujets infectés (notamment cultures en laboratoires : cf. rubrique spécifique). Risque lors de missions dans les zones d’endémie.

Même si l’incidence est faible avec seulement des cas sporadiques de contamination, il est nécessaire de considérer les risques environnementaux en Outre-Mer : La Réunion, Guadeloupe, Martinique, Nouvelle-Calédonie.

Type d'exposition
  • Contact cutané sans protections adéquates avec sources environnementales hydro-telluriques ; aérosols d’eau contaminée ;
  • Au laboratoire : brèche dans le confinement ou les équipements de protection individuelle, ou un incident de laboratoire (déversement, bris…) ou blessure ;
  • Morsure ou griffure par un animal contaminé ;
  • AES en service clinique ou contact d’une peau lésée avec du pus ou des urines infectés (cf évaluation du risque).
Spécificité de l'exposition au laboratoire

En laboratoire, l’évaluation du risque doit prendre en compte que dans de nombreux pays du monde où B. pseudomallei est endémique, des souches sont manipulées en routine en laboratoire de niveau de sécurité biologique 2 sans noter une majoration des cas chez les travailleurs de laboratoire.

Ainsi, l’évaluation du risque permettant de décider ou non de la mise sous antibioprophylaxie, afin de prendre en compte également le risque d’effets secondaires liés aux antibiotiques, peut s’appuyer sur les niveaux de risque ci-dessous, ce qui nécessite un interrogatoire précis du sujet concerné.

Classification de Peacock des évènements d’exposition en laboratoire  (7) :

Bas risque :

  • avoir ouvert le couvercle d’une boîte de culture contenant B. pseudomallei en dehors d’un poste de sécurité microbiologique ;
  • avoir senti une boîte de Pétri contenant B. pseudomallei mais sans contact entre le travailleur et la bactérie ;
  • projection, éclaboussures de B. pseudomallei sur les gants ou sur un vêtement, sans preuve d’aérosolisation ;
  • déversement d’un volume de moins de 1 ml de liquide de culture à l’intérieur d’un poste de sécurité microbiologique ;
  • contact de la peau saine avec une culture.

Haut risque :

  • piqûre avec une aiguille ou un objet piquant/tranchant contaminé par B. pseudomallei ;
  • morsure ou griffure avec un animal contaminé par B. pseudomallei ;
  • projection, éclaboussures entraînant un contact avec la bouche ou les yeux ;
  • contact avec un aérosol en dehors d’un poste de sécurité microbiologique (sonication, incident de centrifugeuse…).
Selon les caractéristiques du sujet exposé

La présence de facteurs de risque, en l’absence d’équipements de protection, fait passer les évènements « bas risque » en niveau « haut risque » :

Diabète, insuffisance rénale ou hépatique, pathologie pulmonaire chronique (dont mucoviscidose), imprégnation alcoolique, lymphome ou leucémie, anomalies des polynucléaires, immunodépression constitutive, immunodéficience acquise, thérapeutiques immunosuppressives, prise de corticoïdes au long cours…

Prise en charge du sujet exposé

Mesures prophylactiques

Antibioprophylaxie par triméthoprime-sulfaméthoxazole, en deux prises per os, pendant 21 jours. Posologie : 2 comprimés 160/800 mg toutes les 12 heures (sujet adulte > 60 kg) ou 3 comprimés 80/400 mg toutes les 12 heures (sujet adulte > 40 kg et < 60 kg).

Dans le contexte du laboratoire, selon Peacock et al., l’antibioprophylaxie doit être prescrite (7) :

  • pour les expositions à haut risque
  • ou les expositions à faible risque chez des patients avec des terrains à risque.

Le triméthoprime-sulfaméthoxazole est l’antibiotique de choix. D’autres alternatives sont possibles si le patient est intolérant au triméthoprime-sulfaméthoxazole ou si un antibiogramme réalisé sur la souche montre une résistance au triméthoprime-sulfaméthoxazole : sont alors envisagés en second choix l’amoxicilline-acide clavulanique ou en troisième choix, la doxycycline (2).

Suivi médical

Information du patient.

Auto-surveillance de température sur 21 jours.

Clinique.

Les sérologies de suivi, telles que recommandées par Peacock, ne sont pas réalisées en France.

En cas de grossesse

Triméthoprime-sulfaméthoxazole contre-indiqué, alternative avec amoxicilline-acide clavulanique.

Pour l'entourage du sujet exposé

Pas de consigne particulière.

Enquête épidémiologique de contact : recherche de sujets co-exposés. Existence de cas groupés décrits avec co-exposition chez des voyageurs (6).

Liens utiles